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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/180

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le poste de Ranotsara, rend compte qu’une reconnaissance a ramené douze bœufs (représentant deux amendes de 100 francs — taux de l’amende infligée à des détenteurs d’armes —, ce qui donnerait à chaque bœuf une valeur réellement trop peu élevée de 16 fr. 50). Deux bœufs supplémentaires, confisqués à des indigènes plus riches que les autres, furent donnés en récompense aux partisans dénonciateurs.

Les partisans dénonçaient à tort et à travers, assurés de toucher le prix de leur délation, qui était toujours acceptée par l’autorité et suivie de la reddition de quelque arme. Les indigènes qui ne possédaient pas d’arme, certains d’être punis s’ils n’en apportaient pas au moins une au poste, achetaient un fusil dans le sud de Madagascar, non désarmé. Un véritable commerce s’était établi ; un fusil coûtait un et parfois plusieurs bœufs.

On ne s’étonnera pas de cette peur des indigènes dénoncés, quand on connait certaines pratiques employées à l’égard de ceux qui soutenaient ne posséder aucune arme.

L’adjudant de Beon raconte (lettres du 23 août 1904 et 9 septembre 1904) qu’une reconnaissance chez les Ambiliony a forcé les aveux par des moyens qui ne « sont peut-être pas dans les mœurs Bara » mais « avec eux il faut agir ainsi et ne pas avoir regret de la chose faite ». Pour obtenir qu’un indigène livrât son gendre caché chez lui, dit la même lettre, « cinq minutes de ficelage ont suffi »

Devant une autre reconnaissance, les habitants d’un village, redoutant de tels procédés, s’enfuient : la reconnaissance ramène quinze bœufs. Le sergent indigène fait tirer deux coups de fusil sur un fuyard, l’indigène Tsiatory, mais « malheureuse-