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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/50

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de hache. Mahavelo emportait un sac de 1.000 frs et autant un porteur de dépêches (Tsimandoo), venu d’Esira.

Harassée, ayant perdu ses pantoufles dans la marche rapide, les vêtements mouillés au passage du fleuve, Mlle B… eut un moment de faiblesse et de découragement ; elle s’assit au bord de la route et éclata en sanglots.

Elle se reprend bientôt, se remet en marche, et passe le col de Sakavalana. Là, les tirailleurs lui rendent l’argent qu’ils avaient pris dans la caisse, argent trop lourd à porter. On en remplit un petit sac en cuir dont se charge Mlle B…

La pluie tombait à flots, les rivières étaient débordées, les ponts emportés, comme à chaque saison des pluies, en un temps où les voies de communication étaient aussi précaires qu’improvisées.

On arrive à Sangaria, à la nuit ; on en repart à 2 heures du matin ; on arrive enfin à Bellavena. Un indigène accourt, annonce que les révoltés sont proches, décidés à prendre l’argent resté aux mains de Mlle B… Un émissaire part pour demander du secours à Fort-Dauphin. Mais toute la région se soulevait, refusant à la troupe en retraite tout secours, toute nourriture.

Enfin, après avoir quitté Bellavena depuis longtemps, les échappés de Ranomafana voient arriver une vingtaine d’hommes. Ce sont des gens de Fort-Dauphin, sous la conduite du capitaine Gramont et de l’administrateur Pouperon. Le calvaire de Mlle B… était gravi ; elle remit au commandant du cercle les 6.000 francs environ qu’elle avait sauvés, et demeura à Fort-Dauphin, dont nous examinerons plus tard la situation.