Aller au contenu

Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/6

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mon but est de montrer ce que fut la politique indigène des Européens colonisateurs et ce qu’elle devrait être.

Contre la vérité s’élèveront des protestations véhémentes — je m’y attends — les unes sincères, les autres intéressées. L’opinion publique n’a jamais été instruite exactement sur nos entreprises coloniales ; elle ne connait les colonies que par la propagande tendancieuse de la presse, par des conférences, des discours adressés à des auditoires parlementaires ne connaissant rien des colonies, ou à des réunions de coloniaux trop intéressés, fonctionnaires ou colons, à applaudir l’orateur.

Le grand cheval de bataille des propagandistes, c’est l’œuvre civilisatrice de la France, la généreuse protection des indigènes, nous donnant figures de sentimentaux guidés, dans chacun de leurs actes, par un souci permanent, obsédant, de justice et d’humanité. Aux peuples demeurés dans la barbarie primitive, nous apportons le bienfait matériel de nos inventions pratiques, et les bienfaits plus hautement estimables de notre moralité de civilisés.

Je ne dis pas que ce tableau soit un pur mirage, que rien n’ait été réalisé de notre programme public de colonisation, mais combien souvent le paysage enchanteur cache un tableau de désolation !

En montrant quelles violations de principes, quels actes condamnables furent commis, je tirerai beaucoup de gens d’un rêve : l’homme en veut à qui, le réveillant, chasse un songe flatteur : Erreurs et brutalités coloniales heurtera l’opinion générale, cette opinion à qui nos colonies furent représentées comme autant de Salente, gouvernées par autant d’Idomenée.