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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/60

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tous, y compris les factionnaires, se rendaient, toujours armés, dans le parc à bœufs. Là ils se partageaient le contenu de la caisse du poste, qu’ils avaient ouverte : chacun recevait trente piastres (150 francs). Ivolanomy, celui qui cueillait de l’herbe pour les lapins, arriva en retard, prit son fusil, mais ne reçut que vingt piastres.

Imaka, l’homme chargé de garder les moutons, rentra plus tard encore, prit son fusil, sans avoir rencontré ses camarades, ni reçu sa part de butin.

Une heure après, les tirailleurs quittèrent le parc à bœufs, chacun emportant ses piastres. À ce moment, les indigènes insurgés envahirent le poste. Le tirailleur Ivofanony se joignit à ses parents incendiaires. Le poste fut détruit entièrement par le feu. Quelques-uns se préparaient déjà à dévaliser les cases des marchands, Resohury les retint, leur disant : « Ne touchez pas aux objets déposés chez les marchands, ils appartiennent à Marchal et aux Anglais, dont nous n’avons pas à nous plaindre ; nous n’en voulons qu’aux Français ».

En même temps, à la lueur des flammes dévorant le poste — le nuit profonde était venue — les fahavalos résolurent de brûler les restes du sergent Pietri. Ce soir-là l’opération ne réussit qu’à demi ; elle fut complétée le lendemain matin, le dimanche 4 décembre. Un bûcher se dressa sur lequel furent jetés les débris du corps de Pietri. Auparavant Itsinaosa, un indigène commerçant d’Esira, avait coupé la main droite du cadavre. Ce débris macabre fut promené de village en village, comme preuve de la mort de Pietri. Fanombila de Soanerino le porta jusqu’à Imitray ; d’Imitray il fut, par Vaninala, transmis à Marososa : on le