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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/62

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laisser l’argent exposé à la convoitise des insurgés.

La femme de Pietri retourna à Imieba : le lendemain lundi, elle continuait sa route, passait à Ranomafana détruit de fond en comble, complètement inhabité. Elle se rendit chez ses parents à Sentravolana et de là à Fort-Dauphin, où elle fut retrouvée plus tard, et au cours d’une enquête sur les événements d’Esira, elle y fit le récit de ses tribulations.

Tsikamo, chef du village d’Esira, était, nous l’avons vu, aux côtés du sergent au moment de l’assassinat. Effrayé, dit-il, il s’empressa de fuir, craignant pour lui-même. Avec sa femme il se cacha dans la montagne pour échapper aux fahavolos qui le cherchèrent, voulant le mettre à mort. Puis rassuré par un de leurs chefs, Remanaly, il s’établit dans son village, jusqu’au jour où les troupes françaises ayant réoccupé Esira, il vint se présenter à l’officier les commandant.

L’attitude de Tsikamo fut louche. Sans avoir pris part ouvertement au sac d’Esira et à l’assassinat de Pietri, il en fut probablement complice, en ce sens que, ne pouvant ignorer les projets des conjurés, il n’en dit rien. Après le crime, tandis que la masse des bourjanes, ignorante, le considérant comme un ami des vazahas, voulait le tuer, il fut défendu par Remolahy, chef du Monambola, dont le rôle fut actif à certains moments. Cette mansuétude de Remolahy n’est explicable que par l’hypothèse d’une complicité de Tsikamo.

Encore moins satisfaisante fut la conduite de l’interprète Tsirombony. Bien plus que le chef de village, l’interprète, par définition au courant de tout événement, ne put pas ne pas connaître les desseins des conjurés. Après le meurtre de