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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/70

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« Non, il n’est pas possible de se défendre ici ».

Les fahavalos arrivèrent dans l’après-midi, en troupe. M. Conchon, qu’ils avaient connu officier, revêtu de l’uniforme, était à leurs yeux dans un poste militaire : il devait subir le sort de tous les vazahas. M. Conchon fut tué à coups de sagaies, son cadavre mutilé, la concession incendiée. Aucun mal ne fut fait à Mme Conchon, qui put partir avec sa tante et son enfant.

Le lendemain 4 décembre, les fahavalos, leur bande faisant boule de neige, arrivèrent devant Fort-Dauphin. Alors commença la ridicule manœuvre qui fut appelée pompeusement le siège de Fort-Dauphin. Nous y reviendrons plus tard.

Avant d’arriver à Isaka et à l’Émeraude, une partie des révoltés s’était détachée. Laissant Fort-Dauphin sur sa gauche, cette troupe se porta sur Manambaro, à 40 kilomètres au sud. En passant, elle avait, en inclinant à l’est, trouvé le phare d’Itapert en construction. Le 5 décembre, le commandant du Fort-Dauphin ordonnait au contremaître des travaux publics Tallec, qui dirigeait la construction du phare, de regagner Fort-Dauphin, alors entouré par les fahavalos. Le contremaître Tallec plaça dans deux caisses sa comptabilité et l’embarqua dans un canot avec six hommes. Dans ces parages, à l’extrême sud de Madagascar, la mer se soulève constamment en lames énormes. Le 5 décembre le vent soufflait violent ; la petite barque ne put doubler la pointe Itaperina, à l’ouest de laquelle se trouve Fort-Dauphin. Il fallut renoncer à la navigation. Le chef du village d’Evrata arrivait suivi de quelques hommes. Avec leur aide, Tallec et ses compagnons transportèrent le canot à travers l’isthme et le remirent à l’eau. La mer