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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/88

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Sans être un idéologue, un mystique, il est permis de penser et de dire que la civilisation ne doit pas s’implanter chez des barbares, par une action conçue et conduite avec des procédés de sauvages.

En effet, la discipline militaire ne s’est pas imposée aux tirailleurs, même en matière purement militaire. Pendant le combat, le chef est dans l’impossibilité de faire sentir son autorité, de diriger le feu. Dans sa dernière lettre le capitaine Quinque écrit : « 4.000 cartouches brûlées, j’en suis renversé ; des tirailleurs sont revenus avec 15 et même 5 cartouches… les tirailleurs ont été plein d’entrain ; ils ont combattu avec acharnement, à bout portant, avec une haine de race qui rend le commandement difficile, je dirai même impossible. Chacun d’eux était redevenu sauvage et voulait combattre pour son compte personnel, entrait seul en forêt, faisant le coup de feu sans viser ; bien entendu ma réserve de cartouches y est passée. »

Ce grand combat avait coûté un mort, un seul, le tirailleur Remanhary, atteint d’un coup de feu. Pas un seul blessé. Du côté des rebelles, qui avaient, dit le rapport, subi des pertes sensibles, on ne recueillit qu’un cadavre, celui d’un fils de Befanhoa. Befanhoa lui-même avait été, apprit-on les jours suivants, sans que preuve certaine en ait jamais été fournie, atteint d’une balle entrée par la paroi abdominale et sortie près la colonne vertébrale. Coup de contour probablement sans pénétration.

La nuit se passa sans incident. Le lendemain la colonne se porta sur l’emplacement du poste de