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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/95

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Avez-vous reçu lettre N° 2, envoyée hier 5 courant, vous informant que j’étais débloqué ? Chef Ratikitra qui était prisonnier au poste a cherché à se sauver hier matin, après avoir offert, sans succès, de l’argent aux miliciens et à la femme du garde de milice. L’ai tué d’un coup de revolver… »


Voici un indigène qui, sans jugement, sans autre raison qu’une tentative de corruption de ses gardiens, est tué par un soldat européen. Le capitaine qui a confié un poste à un homme d’une moralité si primitive, qui n’a répondu par aucune observation à l’aveu d’une exécution — véritable assassinat —, n’est-il pas par deux fois coupable ?

À Soarano, il n’y avait jamais eu d’attaque véritable ; tout s’était borné à quelque effervescence.

Le 12 décembre l’adjudant Colomer, de Soarano, écrivait à son capitaine à Midongy : qu’il considérait, dès longtemps, Imatoanga comme « un ennemi dangereux qui recommencerait (il venait d’abandonner Bafanhoa et de se soumettre) à faire soulever tous les siens, dès que l’occasion lui serait favorable : il y a urgence écrivait-il, à le mettre dans l’impossibilité de nuire ; malgré cela, je l’ai laissé libre, car son arrestation aurait donné l’éveil à 14 ou 15 indigènes aussi dangereux que lui, sinon plus, que je cherche à faire tomber dans un guépier et qui doivent être punis avec la plus extrême rigueur. »

Ce chef redoutable que l’adjudant Colomer avait laissé libre, mourait brusquement le 17 décembre. L’adjudant fit part de ce décès au capitaine Quinque, par ce billet laconique :