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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome II.djvu/205

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par eux. C’est lui aussi qui nous conjure par l’Apôtre de n’avoir entre nous qu’un même langage, d’écarter du milieu de nous les divisions ; il ne veut pas que nous disions : Moi je suis à Paul, moi je suis à Apollon, moi je suis à Céphas, moi je suis au Christ ; il veut que nous n’appartenions tous qu’au Christ, parce que le Christ ne se divise point, et que ce n’est pas Paul qui a été crucifié pour nous, encore moins Donat ! et nous n’avons pas été baptisés au nom de Paul[1] ; encore moins au nom de Donat ; voilà ce que disent également les empereurs parce qu’ils sont catholiques et non pas serviteurs des idoles comme votre Julien, ni hérétiques comme quelques autres qui ont persécuté l’église catholique, alors que de vrais chrétiens ont souffert, non pas des châtiments mérités, comme ceux que vous endurez pour l’erreur, mais une passion glorieuse pour la vérité catholique.

12. Ecoutez comment Dieu a parlé par le cœur du roi qui est en sa main, de quel éclat brille la vérité dans cette même loi que vous dites portée contre vous, et qui est réellement pour vous, si vous la comprenez bien. Ecoutez ces paroles du prince : « Si le baptême d’abord conféré est jugé inefficace par la raison que ceux qui l’ont administré sont des pécheurs, il deviendra nécessaire de réitérer ce sacrement toutes les fois que celui qui l’aura conféré sera trouvé indigne ; et dès lors notre foi ne dépendra point de notre propre volonté ni de la grâce de Dieu, mais des mérites des prêtres et de la qualité des clercs[2]. » Que vos évêques tiennent mille conciles, qu’ils répondent à ces seules paroles, et nous consentons à faire tout ce que vous voudrez. Voyez combien il est détestable et impie de dire, comme vous avez coutume de le répéter, que si l’homme est bon, il sanctifie celui qu’il baptise, et que s’il est mauvais et que celui qui est baptisé l’ignore, c’est Dieu alors qui sanctifie. S’il en est ainsi, les hommes doivent plutôt désirer être baptisés par des méchants qu’ils ne connaîtront pas pour tels, plutôt que par des hommes réputés bons, afin de pouvoir être mieux sanctifiés par Dieu que par l’homme ; mais à Dieu ne plaise que nous tombions dans une pareille folie 1 Nous disons que cela n’est pas la vérité et nous faisons bien, parce que

cette grâce du baptême est toujours de Dieu, parce que le sacrement est de Dieu, et que l’homme n’y apparaît que comme instrument : s’il est bon, il s’unit à Dieu et opère avec Dieu ; s’il est mauvais, Dieu se sert de lui pour la forme visible du sacrement, pendant qu’il donne lui-même la grâce invisible. Sachons tout cela et que parmi nous il n’y ait plus de division.

13. Accordez-vous avec nous, frères ; nous vous aimons, nous voulons pour vous ce que nous voulons pour nous. Si vous redoublez de haine contre nous, parce que nous ne vous laissons pas errer et périr, dites-le à Dieu dont nous redoutons les menaces contre les mauvais pasteurs : « Vous n’avez pas rappelé ce qui errait, vous n’avez pas cherché ce qui était perdu[3]. » Voilà ce que Dieu lui-même fait en votre faveur par notre ministère, soit en vous conjurant, soit en vous menaçant ou en vous reprenant, soit en vous infligeant des dommages ou de rudes épreuves, soit en vous adressant des avertissements secrets ou en vous visitant, soit en suspendant sur vos têtes les lois des puissances temporelles. Comprenez ce qu’on vous demande ; Dieu ne veut pas que vous périssiez dans une sacrilège séparation, loin de l’église catholique qui est votre mère. Jamais vous n’avez rien pu prouver contre, nous ; vos évêques, convoqués par nous, n’ont jamais voulu accepter de pacifiques conférences : ils avaient horreur de s’entretenir avec des pécheurs. Qui souffrirait un tel orgueil ? Est-ce que l’apôtre Paul n’a pas conféré avec des pécheurs et des sacrilèges ? lisez les Actes des apôtres et voyez. Est-ce que le Seigneur ne s’est pas entretenu sur la loi avec les Juifs, qui l’ont crucifié ? est-ce qu’il ne leur a pas répondu ? Enfin, le démon est le premier de tous les pécheurs ; il ne pourra jamais être converti à la justice, et cependant le Seigneur n’a pas dédaigné de lui répondre sur la loi ! Comprenez donc que si vos évêques refusent de conférer avec nous, c’est qu’ils savent que leur cause est perdue.

14. Nous n’ignorons pas ce qu’ils répètent contre eux-mêmes, ces hommes qui mettent leurs joies dans des divisions fondées sur des calomnies. C’est dans les Écritures que nous : apprenons à connaître le Christ : c’est dans les Écritures que nous apprenons à connaître l’église. Ces Écritures nous sont communes ;

  1. I Cor. I, 10-13.
  2. Cod. Théod. liv. 16. se sanctum baptisma iteretur  (contre la réitération du saint baptême).
  3. Ezéch. XXXIV, 4.