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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome V.djvu/151

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nom de Jésus. Comme donc Jésus était né à Bethléem, ville de Juda, au temps du Roi Hérode. » et le reste.

15. Saint Matthieu et saint Luc disent également que Jésus-Christ est né dans la ville de Bethléem. Mais saint Luc expose comment et pour quel motif Joseph et Marie s’y rendirent, tandis que saint Matthieu n’en parle pas. Au contraire saint Luc ne dit rien des Mages venus d’Orient, et saint Matthieu continue son récit par la narration de ce fait : « Voici, dit-il, que des Mages vinrent d’Orient à Jérusalem, et ils demandaient.: Où est le Roi des Juifs, nouvellement né ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l’adorer. » Ceci étant arrivé à la connaissance du Roi Hérode « il en fut troublé », et le reste, jusqu’à l’endroit où il est écrit que ces Mages « ayant reçu en songe l’avertissement de ne point retourner vers Hérode, revinrent dans leur pays par un autre chemin. » Surtout cela saint Luc a gardé le silence, comme saint Matthieu le garde sur plusieurs autres faits racontés par saint Luc, savoir que le Seigneur fut couché dans une crèche, qu’un ange annonça aux bergers sa naissance, qu’une grande multitude de l’année céleste se joignit à l’ange pour louer Dieu, que les bergers se rendirent à Bethléem et reconnurent la vérité des paroles de l’ange, et que le jour où l’enfant fut circoncis, il reçut un nom. De même saint Matthieu ne dit rien de tout ce que raconte saint Luc au sujet de la purification de Marie et de la présentation de Jésus-Christ dans le temple de Jérusalem, ni au sujet des paroles que firent alors entendre le vieillard Siméon et Affine la prophétesse, quand, remplis de l’Esprit-Saint, ils eurent connu le Sauveur.

16. De là on désire avec raison savoir le temps où se sont accomplies les, choses omises par saint Matthieu et rapportées par saint Luc, et celles que raconte saint Matthieu et dont saint Luc ne parle pas. Car le premier, poursuivant son discours, nous apprend encore qu’après le retour des Mages en Orient, d’où ils étaient venus, Joseph fut averti par un ange de fuir en Égypte avec l’enfant, pour le soustraire à la mort dont Hérode le menaçait ; qu’ensuite Hérode ne trouvant pas cet enfant fit mourir tous les autres âgés de deux ans et au-dessous ; qu’Hérode étant mort, Joseph revint d’Égypte et qu’ayant appris l’élévation d’Archélaüs sur le trône de Judée à la place de son père, il se rendit à Nazareth ville de Galilée pour y habiter avec Jésus et Marie. Autant de faits que saint Luc ne relève pas. On ne peut sans doute prétendre qu’il y a contradiction entre les deux Évangélistes parce que l’un dit ce que l’antre tait, ou qu’une chose rapportée par celui-ci est omise par celui-là. Mais on veut savoir en quel temps a pu arriver ce que saint Matthieu nous apprend de la sainte famille fuyant en Égypte, puis revenant de ce pays après la mort d’Hérode, pour habiter désormais la ville de Nazareth, où saint Luc la fait retourner lorsque se trouvent accomplies, à l’égard de l’enfant, dans le temple de Jérusalem, toutes les prescriptions de la loi du Seigneur. Or, il faut ici reconnaître et bien constater, pour résoudre d’un seul coup toutes les difficultés semblables et prévenir le trouble et l’embarras dont elles pourraient encore devenir la matière, que chaque Évangéliste a joint ensemble les différentes parties de son récit de manière à lui donner l’apparence d’une narration complète où rien n’est omis. En taisant ce qu’il ne veut pas dire, il unit de telle sorte ce qu’il veut dire à ce qu’il a dit, que les choses racontées paraissent avoir été faites de suite. Mais quand l’un rapporte des choses dont l’autre ne parle pas, l’ordre des deux récits considéré avec soin fait voir l’endroit où celui qui les a omises a pu les passer, en liant ce qu’il avait dessein de dire à ce qu’il avait dit précédemment, comme si tout se suivait sans aucun fait intermédiaire. Ainsi, c’est dans le lieu de son récit où il nous représente les Mages retournant par un autre chemin, selon l’avertissement du Ciel, que saint Matthieu a passé ce qui, au rapport de saint Luc, s’est accompli dans le temple au sujet du Seigneur, et les paroles de Siméon et d’Anne ; comme c’est après avoir rapporté ces derniers détails que saint Luc lui-même omet la fuite en Égypte racontée par saint Matthieu, pour mentionner tout de suite le retour de la sainte famille à Nazareth.

17. Si l’on veut, pour ce qui regarde la Nativité, la première et la seconde enfance du Sauveur, réunir les deux récits en complétant l’un par l’autre, voici l’ordre qu’on peut suivre : « La naissance de Jésus-Christ arriva de cette sorte[1]. Au temps d’Hérode, roi de Judée, il y avait un prêtre, nommé Zacharie, de la famille d’Abia, et sa femme, de la race d’Aaron, s’appelait Élisabeth. Ils étaient tous deux justes devant

  1. Mat. 1, 18