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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome V.djvu/155

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le Sauveur que vous nous donnez, et que vous destinez pour être exposé à la vue de tous les peuples, comme la lumière qui éclairera les nations, et la gloire de votre peuple Israël. Et le père et la mère de Jésus admiraient ce que l’on disait de lui. Siméon les bénit et dit à Marie, la mère de l’enfant : Celui-ci est établi pour la ruine et la résurrection de plusieurs dans Israël, et pour être en butte à la contradiction et votre âme même sera percée d’un glaive, afin que soient découvertes les pensées de plusieurs cachées au fond de leur cœur. Il y avait aussi une prophétesse nommée Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser : elle était fort avancée en âge ; elle avait vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité, et elle était demeurée veuve jusqu’à quatre-vingt-quatre ans elle ne s’éloignait point du temple, servant Dieu jour et nuit dans les jeûnes et dans les prières. Étant donc survenue à la même heure, elle se mit aussi à louer le Seigneur, et à parler de lui à tous ceux qui attendaient la rédemption d’Israël.

Après qu’ils eurent accompli tout ce qui était ordonné par la loi du Seigneur[1], voici qu’un ange du Seigneur apparut à Joseph au milieu de son sommeil et lui dit : Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, fuis en Égypte et demeures-y jusqu’à ce que je te dise d’en sortir : car Hérode cherchera l’enfant pour le faire mourir. Joseph s’étant levé prit l’enfant et sa mère durant la nuit et se retira en Égypte, où il demeura jusqu’à la mort d’Hérode. Cette retraite arriva pour accomplir la parole que le Seigneur avait dite par le prophète : J’ai rappelé mon Fils de l’Égypte. Alors Hérode voyant que les mages l’avaient trompé, entra dans une extrême colère : il envoya tuer à Bethléem et dans tous les pays d’alentour, tous les enfants âgés de deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s’était enquis exactement des mages.

Alors s’accomplit ce qui avait été dit par le prophète Jérémie en ces termes : On a entendu dans Rama une voix lamentable, des pleurs et de grands cris : c’est Rachel pleurant ses enfants et ne voulant point recevoir de consolation parce qu’ils ne sont plus. Or, après la mort d’Hérode, un ange apparut la nuit à Joseph qui était en Égypte, et lui dit Lève-toi, prends l’enfant et sa mère et retourne dans la terre d’Israël ; car ceux qui cherchaient l’enfant pour lui ôter la vie sont morts. Joseph s’étant donc levé prit l’enfant avec sa mère et s’en vint dans la terre d’Israël. Mais apprenant qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode son père, il craignit d’y aller, et sur un avertissement céleste qu’il reçut pendant qu’il dormait, il se retira dans la Galilée et vint demeurer dans la ville appelée Nazareth, avec Jésus, afin que cette prédiction des prophètes fut accomplie : Il sera appelé Nazaréen[2].

Cependant l’enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était en lui. Or son père et sa mère allaient tous les ans à Jérusalem pour la fête de Pâque. Et lorsqu’il fut âgé de douze ans, ils y allèrent selon leur coutume au temps de la fête. Quand les jours de la solennité furent passés, lorsqu’ils s’en retournèrent, l’enfant Jésus demeura à Jérusalem, sans que son père et sa mère s’en aperçussent ; et pensant qu’il était avec quelqu’un de la compagnie, ils marchèrent durant un jour ; et le soir, ils le cherchaient parmi leurs parents et parmi ceux de leur connaissance. Mais ne l’ayant point trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour l’y chercher. Et trois jours après, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui l’entendaient étaient surpris de sa sagesse et de ses réponses. Lors donc qu’ils le virent, ils furent remplis d’admiration, et sa mère lui dit : « Mon fils, pourquoi avez vous agi de la sorte envers nous ? Voilà que nous vous cherchions tout affligés, votre père et moi. Il leur répondit Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois à ce qui regarde le service de mon Père ? Mais ils ne comprirent point ce qu’il leur disait. Il s’en alla ensuite avec eux et vint à Nazareth ; et il leur était soumis. Or, sa mère conservait toutes ces choses en son cœur. Et Jésus croissait en sagesse en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes[3]. »


CHAPITRE VI. ÉPOQUE DE LA PRÉDICATION DE JEAN-BAPTISTE.

18. Vient ensuite ce qui a rapport à la prédication de Jean ; et c’est un point que fait ressortir chacun des quatre évangélistes. En effet, saint Matthieu, après avoir écrit les dernières paroles que j’ai citées de lui, après avoir rappelé ce témoignage

  1. Luc. 2, 22-39
  2. Mat. 2, 13-23
  3. Luc. 2, 40-62