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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome V.djvu/185

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Et d’ailleurs très-nécessaire, nous le mettons tout entier sous les yeux du lecteur avec la transition qui l’amène. Après avoir parlé du baptême et de la tentation du Sauveur, l’évangéliste poursuit ainsi : « Or toute tentation achevée, le diable s’éloigna de lui pour un temps. Alors Jésus par la vertu de l’Esprit revint en Galilée, et sa renommée se répandit dans tout le pays. Il enseignait dans leurs synagogues, et tout le monde lui donnait de grandes louanges. Étant venu ensuite à Nazareth, où il avait été élevé, il entra selon sa coutume dans la synagogue le jour du sabbat et il se leva pour lire. Ou lui présenta le livre des prophéties d’Isaïe, et l’ayant ouvert il trouva l’endroit où il était écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi ; c’est pourquoi il m’a consacré par son onction et m’a envoyé évangéliser les pauvres, annoncer aux captifs leur délivrance, aux aveugles qu’ils vont recouvrer la vue, mettre en liberté ceux qui sont accablés sous les fers, publier l’année des miséricordes du Seigneur et le jour de la rétribution. Ayant replié le livre, il le rendit au ministre et s’assit. « Et tous dans la synagogue avaient les yeux arrêtés sur lui. Or il commença à leur dire : « Ce que vous entendez aujourd’hui de vos oreilles est l’accomplissement de ces paroles de l’Écriture. Et tous lui rendaient témoignage, et dans l’étonnement où ils étaient des paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche, « ils disaient : N’est-ce pas là le fils de Joseph ? Alors il leur dit : Vous m’appliquerez sans doute ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même ; et vous me direz : Les grandes choses faites à Capharnaüm et dont le bruit est arrivé jusqu’à nous, fais-les ici encore, dans ta patrie[1]. » Nous laissons ce qui termine cette partie du récit de l’évangéliste. N’est-il pas évident qu’il a sciemment anticipé ce fait dans son récit ? Car il connaissait certainement les merveilles opérées à Capharnaüm, puisqu’il en parle ; puisque d’ailleurs il sait qu’il ne les a pas rapportées. Il est encore si près du baptême de Jésus qu’un pareil oubli n’est pas vraisemblable ; car depuis ce baptême il n’a presque rien dit encore.

CHAPITRE XLIII. HÉRODE APPRENANT LES MIRACLES DE JÉSUS.

91. On lit ensuite dans saint Matthieu : « En ce temps-là Hérode le tétrarque apprit ce que l’on publiait de Jésus ; et il dit à ses serviteurs C’est Jean-Baptiste, c’est lui-même qui est ressuscité d’entre les morts ; et c’est pour cela qu’il se fait par lui tant de miracles[2]. » Saint Marc raconte la même chose et de la même manière, mais non dans le même ordre[3]. Car après avoir rappelé que Jésus envoya ses disciples, en leur recommandant de ne rien porter avec eux que le bâton, et après avoir terminé ce qu’il apporte de son discours, il relate le fait qui nous occupe ; mais sans obliger de croire que ce fait ait suivi d’une manière immédiate ce qui précède, non plus que saint Matthieu chez qui nous lisons : « En ce temps-là » et non : En ce jour-là, ni : À cette heure. Néanmoins, d’après saint Marc, ce ne fut pas Hérode mais d’autres qui disaient : « Jean-Baptiste est ressuscité d’entre les morts », tandis que d’après saint Matthieu ce fut Hérode qui le dit à ses serviteurs. » Tout en gardant ici le : même ordre que saint Marc, et sans obliger, non plus que lui, à croire que telle fut la suite des événements, saint Luc rapporte en ces termes le même fait : « Cependant Hérode le tétrarque entendit parler de tout ce que faisait Jésus, et il ne savait que penser, parce que les uns disaient Jean est ressuscité d’entre les morts ; d’autres : Élie est apparu ; et d’autres enfin : Un des anciens prophètes est ressuscité. Mais Hérode disait : J’ai décollé Jean ; quel est donc celui-ci, « de qui j’entends de si grandes choses ? Et il souhaitait de le voir[4]. » Ici l’évangéliste, de même que saint Marc, rapporte que ces paroles : « Jean est ressuscité d’entre les morts, furent prononcées par d’autres et non par Hérode. Mais quand saint Luc parle de l’hésitation d’Hérode et cite ensuite ces mots du tétrarque : J’ai décollé Jean ; quel est donc celui-ci, dont j’entends de si grandes choses ? » il faut comprendre qu’Hérode témoigna d’abord cette hésitation, puis, que persuadé de ce qu’on disait autour de lui, il dit à son tour ce, que nous lisons dans saint Matthieu : « C’est Jean-Baptiste, « c’est lui-même qui est ressuscité d’entre les morts ; et c’est pourquoi il se fait par lui tant de miracles. » Ou bien peut-être faut-il prononcer ces paroles sur le ton du doute. S’il y avait :

  1. Luc. 4, 13-23
  2. Mat. 14, 1-2
  3. Mrc. 6, 14-16
  4. Luc. 9, 7-9