Aller au contenu

Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome V.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fois qu’il s’agissait, pour lui, d’aller entendre les prédications de Jésus.

CHAPITRE XXIII. SÉPULTURE DE JÉSUS.

60. Saint Matthieu ajoute : « Ayant reçu le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul propre et le plaça dans un sépulcre neuf qu’il avait taillé dans la pierre ; il approcha ensuite une grande pierre de l’ouverture du tombeau et se retira[1]. » Voici saint Marc : « Joseph acheta un linceul, en enveloppa le corps, qu’il déposa ainsi dans un tombeau, taillé dans la pierre ; puis il en ferma l’entrée avec une pierre[2]. » Selon saint Luc : « Joseph ayant descendu le corps, l’enveloppa d’un linceul et le plaça dans un tombeau taillé, qui n’avait encore servi à personne[3]. » Tous ces textes sont dans une harmonie parfaite ; cependant saint Jean nous apprend que Joseph fut aidé dans l’œuvre de la sépulture, par Nicodème. Voilà pourquoi il commence ainsi son récit : « Nicodème qui, dès le commencement, était venu trouver Jésus pendant la nuit, vint aussi, apportant environ cent livres d’une composition de myrrhe et d’aloès. » Parlant ensuite des deux à la fois il continue : « Ils prirent ensemble le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de linceuls, avec des aromates, ainsi que les Juifs ont coutume d’ensevelir. Or dans le lieu où Jésus avait été crucifié se trouvait un jardin et dans ce jardin un sépulcre tout neuf, où nul n’avait encore été mis. Comme c’était le jour de la préparation des Juifs pour le sabbat, et que ce sépulcre était proche, ils y placèrent Jésus[4]. » Quelle contradiction peut-on trouver dans ce texte ? Les Évangélistes, quine parlent pas de Nicodème, ne disent pas non plus que Joseph d’Arimathie ait été seul pour ensevelir le Sauveur. À moins qu’on ne prétende que, quand Joseph eut enveloppé le corps dans un linceul, Nicodème se présenta à son tour, avec un nouveau linceul et l’employa également ; c’est là en effet ce qui semble indiqué par saint Jean, quand il parle des linceuls ou linges. Mais en supposant qu’on n’eût employé qu’un seul linceul, saint Jean aurait pu encore mettre le mot linge au pluriel ; car outre le linceul il y avait le suaire qui cachait la tête et les bandelettes qui enveloppaient le corps tout entier et qui toutes devaient être de lin. De là le mot latin lintea, linges.

CHAPITRE XXIV. CIRCONSTANCES DE LA RÉSURRECTION.

64. Nous lisons en saint Matthieu : « Or il y avait là Marie-Magdeleine et l’autre Marie, assises contre le sépulcre[5]. » Saint Marc raconte ainsi le même fait : « Or Marie-Magdeleine et Marie de Joseph regardaient où on plaçait Jésus[6]. » C’est absolument la même pensée sans des termes différents.

62. Saint Matthieu continue : « Le lendemain, qui était le jour du Sabbat, les princes des prêtres et les pharisiens se réunirent auprès de Pilate et lui dirent : Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet imposteur a dit, lorsqu’il était encore en vie : Je ressusciterai après trois jours. Commandez donc que le sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, dans la crainte que, peut-être, ses disciples ne viennent dérober son corps, et ne disent ensuite au peuple : Il est ressuscité d’entre les morts, et qu’ainsi il ne s’accrédite une erreur pire que la première. Pilate leur répondit : Vous avez une garde, allez donc et faites-le garder comme vous l’entendrez. « Ils s’en allèrent ainsi, et s’assurèrent du sépulcre en scellant la pierre qui en fermait l’entrée et en y laissant des gardes[7]. » Saint Matthieu seul nous fait connaître cette circonstance, mais les autres Évangélistes ne disent rien qui puisse contredire.

63. Le même auteur ajoute : « Cette semaine étant passée, lorsque le premier jour de la semaine suivante commençait à luire, Marie-Magdeleine et l’autre Marie vinrent pour visiter le sépulcre. Et voilà qu’il se fit un grand tremblement de terre, car un Ange du Seigneur descendit du ciel, vint renverser la pierre et s’assit dessus. Son visage était brillant comme un éclair et ses vêtements blancs comme la neige. Et les gardes en furent saisis de frayeur et devinrent comme morts. Mais l’Ange s’adressant aux femmes, leur dit : Pour vous, ne craignez point, car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié. Il n’est point ici ; il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir le lieu où le Seigneur avait été mis. Puis hâtez-vous d’aller dire à ses disciples : Il est ressuscité et il vous précède en Galilée, c’est là que vous le verrez. Voilà ce que je vous annonce. Elles sortirent aussitôt du sépulcre,

  1. Mat. 27, 59-60
  2. Mrc. 15, 46
  3. Luc. 23, 63
  4. Jn. 19, 39-42
  5. Mat. 27, 61
  6. Mrc. 15, 47
  7. Mat. 27, 62-66