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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome V.djvu/248

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73. Nous devons regarder les deux disciples dont parle saint Marc comme étant les deux disciples d’Emmaüs ; cet auteur en effet ajoute qu’ils allèrent aussitôt raconter à leurs frères ce qu’ils avaient vu ; comme saint Luc rapporte de son côté qu’ils se levèrent aussitôt, rentrèrent à Jérusalem, et trouvèrent les onze réunis et les autres qui étaient avec eux, disant que le Seigneur était ressuscité, et qu’il avait apparu à Pierre ; ils racontèrent de leur côté ce qui leur était arrivé en route et comment ils avaient reconnu Jésus à la fraction du. pain. En ce moment donc, il n’était plus question que de la résurrection, qu’attestaient les saintes femmes ainsi que Pierre qui avait déjà eu le bonheur de voir Jésus ; et c’est de cela qu’ils s’entretenaient tous, quand arrivèrent au milieu d’eux les deux disciples d’Emmaüs. Il peut se faire que retentis par la crainte, ils n’aient pas osé avouer, dans leur voyage, qu’ils avaient appris que Jésus était ressuscité, et se contentèrent de dire que les femmes avaient vu des anges ; comme ils ne connaissaient pas celui qui s’entretenait ainsi avec eux, le long du chemin, ils pouvaient craindre d’avoir affaire à un ennemi, et de tomber entre les mains des Juifs s’ils proclamaient hautement la résurrection de Jésus-Christ. Saint Marc ajoute : « Ils vinrent l’annoncer aux autres, quine les crurent pas ; » de son côté, saint Luc fait entendre que les disciples réunis s’entretenaient de la résurrection de Jésus et de son apparition à Pierre ; pour dissiper toute apparence de contradiction entre ces deux textes, il suffit de dire que dans la foule des disciples quelques-uns refusèrent de croire. 2 n’est pas moins évident, que saint Marc a omis de parler de la conversation, que le Sauveur engagea avec les deux disciples le long du chemin, et de la manière dont ils le reconnurent à la fraction du pain. Il n’y a là qu’une omission, car immédiatement après avoir rapporté qu’il apparut sous une autre forme à deux d’entre eux, qui allaient à une maison des champs, l’auteur ajoute : « Et ils vinrent le dire aux autres, quine les crurent pas. » Or pouvaient-ils annoncer un homme qu’ils n’avaient pas connu, ou pouvaient-ils reconnaître un homme sous une autre forme Saint Marc a donc omis de nous dire comment ils étaient arrivés à le connaître. Et ceci est d’autant plus important à remarquer, que nous avons besoin d’admettre que les Évangélistes sont réellement dans l’usage de passer ainsi sous silence une multitude de détails, et de continuer sans aucune autre transition, leur récit, en sorte qu’il suffit de méconnaître cet usage pour s’exposer à voir des contradictions là où il n’y en a aucune.

74. Saint Luc continue : « Pendant qu’ils parlaient ainsi, Jésus se présenta debout au milieu d’eux et leur dit : La paix soit avec vous, c’est moi, ne craignez pas. Ils furent tout troublés et effrayés et croyaient voir un fantôme. Jésus leur dit : Pourquoi vous troublez-vous et pourquoi ces pensées montent-elles dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds et reconnaissez que c’est bien moi : palpez et voyez, un esprit n’a ni chair ni os, comme vous m’en voyez. Après avoir dit ces paroles, il leur montra ses mains et ses pieds. » C’est à cette apparition du Sauveur après sa résurrection que nous devons rapporter les paroles suivantes de saint Jean : « Le soir du premier jour de la semaine étant venu, les portes de la salle où les disciples étaient réunis avaient été fermées parce qu’on craignait les Juifs ; Jésus se présenta, se tint de bout au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous. Et après avoir ainsi parlé il leur montra ses mains et son côté. » A ces paroles de saint Jean on peut ajouter ce que dit ensuite saint Luc, quoique saint Jean n’en parle pas : « Mais comme ils ne croyaient, point encore, tant ils étaient transportés de joie et d’admiration, il leur dit Avez-vous là quelque chose à manger ? Ils lui présentèrent un morceau de poisson rôti et un rayon de miel. Après qu’il eut mangé devant eux, prenant les restes il les leur donna. » Il faut ajouter ici avec saint Jean : « La vue du Seigneur remplit les disciples d’une grande joie. Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous : comme mon Père m’a envoyé je vous envoie. Ayant dit ces paroles, il souffla sur eux et ajouta : Recevez le Saint-Esprit : les péchés seront remis à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à qui vous les retiendrez. » Continuons avec saint Luc : « Il leur dit encore : Voilà ce que je vous disais, étant encore avec vous, qu’il fallait que tout ce qui a été écrit de moi, dans les psaumes, s’accomplit. Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils entendissent les Écritures, et il leur dit : Il est ainsi écrit et il fallait que le Christ souffrit de la sorte, qu’il ressuscitât le troisième jour et qu’on prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés, parmi toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Or vous êtes témoins de ces choses. Et