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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome V.djvu/425

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les esclaves de la Loi. Aussi saint Paul dit-il ailleurs : « Nous ne considérons point ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; car ce qui se voit est temporel tandis que ce qui ne se voit pas est éternel[1]. » — Il poursuit : « Car dans le Christ Jésus ni la circoncision, ni l’incirconcision ne servent de rien » nouveau témoignage que ces pratiques sont indifférentes et preuve nouvelle qu’il n’y a de nuisible dans la circoncision que d’en attendre le salut. Ainsi donc ni la circoncision ni l’incirconcision ne servent de rien devant Jésus-Christ, « mais la foi qui agit parla charité » C’est ici faire allusion à la servitude légale qui agit par crainte. Vous couriez si bien : qui vous a arrêtés, « pour vous empêcher d’obéir à la vérité ? » C’est la pensée que nous avons vue dans ces mots : « Qui vous a fascinés ? – Cette persuasion ne vient pas de celte qui vous a appelés ; » car c’est une persuasion toute charnelle et Lui vous a appelés à l’indépendance de cette sorte de pratiques. Persuasion se prend ici pour l’objet même de la persuasion. De plus, comme les Juifs qui cherchaient à les entraîner étaient en petit nombre, comparés à la multitude des Galates devenus chrétiens, l’Apôtre les nomme un levain. Que les Galates acceptent ce levain, et s’ils honorent comme des hommes justes et fidèles ces docteurs qui viennent à eux, bientôt toute la pâte sera en fermentation, toute leur Église sera infectée et asservie sous le joug des pratiques charnelles. « J’ai en vous cette confiance dans le Seigneur, que vous n’aurez point d’autres sentiments. » Preuve évidente qu’ils ne s’étaient point encore rendus aux faux docteurs. « Mais celui qui vous trouble, en portera la peine, quel qu’il soit. » C’est ici le renversement, si contraire à l’ordre, qui voudrait les rendre charnels, de spirituels qu’ils sont. On doit croire que parmi ces hommes qui voulaient les placer sous le joug, il y en eut plusieurs qui reconnurent qu’ils en étaient détournés par l’autorité de l’apôtre saint Paul et qui allèrent même jusqu’à dire que saint Paul était de leur sentiment, mais qu’il n’avait pas aimé de le leur faire connaître. L’Apôtre dit donc avec beaucoup d’à-propos : « Et moi, mes frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté ? » C’est qu’il était persécuté par ces hommes qui cherchaient, tout disciple de l’Évangile qu’ils fussent en apparence, à ramener aux observances légales. C’est à eux qu’il fait allusion quand il dit, ailleurs : « Danger de la part des faux frères [2] » et au commencement de notre Épître : « Et la considération de quelques faux frères, qui s’étaient furtivement introduits pour observer la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, et nous réduire en servitude[3]. » Assurément donc ils cesseraient de le persécuter, s’il prêchait avec eux la circoncision. C’était aussi pour empêcher que les fidèles à qu’il annonçait la liberté chrétienne ne vinssent à les craindre ou à s’imaginer que l’Apôtre les redoutait, que précédemment il publiait son nom avec une entière confiance et disait : « Voici que je vous le déclare, moi Paul : « si vous vous faites circoncire, le Christ ne vous servira de rien[4] ; » c’était comme s’écrier Imitez-moi et ne craignez rien ; ou si vous craignez, rejetez sur moi tout le procès. En disant ensuite : « Le scandale de la croix est donc anéanti » il répète ce qu’il a déjà exprimé dans ces mots : « Si la justice vient de la Loi, c’est donc en vain qu’est mort le Christ[5]. » Toutefois en parlant de scandale il rappelle que ce qui a principalement scandalisé les Juifs dans la personne du Christ, c’est qu’ils le voyaient omettre et dédaigner souvent ces observances charnelles où eux-mêmes plaçaient leur salut. Ces mots reviennent donc à cette pensée : Ainsi c’est en vain que scandalisés de voir le Christ omettre ces pratiques, les Juifs l’ont crucifié, puisqu’on veut y ramener encore ceux pour qui il est mort ? Usant ensuite d’une charmante équivoque, l’Apôtre présente ainsi, sous le voile d’une malédiction, une bénédiction véritable : « Plût à Dieu que ceux qui vous troublent, fussent même mutilés ! » Qu’ils fussent, non seulement circoncis, mais mutilés ! Car alors ils deviendraient eunuques en vue du royaume des cieux[6] et cesseraient de semer des idées charnelles.
43. La charité, principe des actes chrétiens[7]. – Car vous avez été, mon frère, appelé à la liberté. » Ce qui explique ces mots, c’est qu’en les troublant pour les rappeler de, ce qui est spirituel à ce qui est charnel, on les traînait à l’esclavage.A partir d’ici, il commence à parler, ainsi que j’ai annoncé qu’il le ferait à la fin de son Épître, des œuvres de la Loi que, de l’aveu de tous, on doit accomplir, aussi sous le nouveau. Testament,

  1. 2 Cor. 4, 18
  2. 2 Cor. 11, 26
  3. Gal. 2, 4
  4. Id. 5, 2
  5. Id. 2, 21
  6. Mt. 19, 12
  7. Gal. 5, 13