Aller au contenu

Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XII.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

glorifie le Fils ! mais est-ce une raison pour affirmer qu’il lui est supérieur ? Or, l’Esprit-Saint ne glorifie le Fils que parce qu’il reçoit du Fils, et il n’en reçoit ce qu’il doit annoncer que parce que le Fils lui-même a fout ce que possède Je Père. Ainsi il est évident que tout ce qui est au Père, appartient non-seulement au Fils, mais encore à l’Esprit-Saint, puisque ce dernier a le pouvoir de glorifier le même Fils que Je Père glorifie. Enfin, si mes adversaires veulent’ absolument que celui qui glorifie soit plus grand que celui qui est glorifié, du moins ne pourront-ils pas ne point reconnaître une égalité parfaite entre le Père et le Fils qui se glorifient réciproquement. Il est en effet écrit que le Fils glorifie le Père. « Père, dit Jésus-Christ, je vous ai glorifié sur la terre (Jean, XVII, 4) ». Mais qu’ils évitent alors une nouvelle erreur, qui serait de croire l’Esprit-Saint supérieur au Père et au Fils, parce que, d’un côté, il glorifie le Fils que glorifie aussi le Père, et que, de l’autre, l’Ecriture ne dit nulle part qu’il soit lui-même glorifié par le Père, ou par le Fils.


CHAPITRE V.

LE FILS ET LE SAINT-ESPRIT ENVOYÉS PAR LE PÈRE.

7. Convaincus sur ce point, mes adversaires se retournent vers un autre, et disent : Celui qui envoie, est évidemment plus grand que celui qui est envoyé. Le Père est donc plus grand que le Fils, puisque celui-ci ne cesse de se dire envoyé par le Père, et il est encore plus grand que l’Esprit-Saint, puisque le Fils dit de ce dernier que « le Père l’enverra en son nom (Id., XIV, 26 ) ». Quant à l’Esprit-Saint, il est certainement inférieur au Père qui l’envoie, comme je viens de le rappeler, et inférieur aussi au Fils qui disait à ses apôtres : « Si je m’en vais, je vous l’enverrai ». Voilà bien l’objection ; et pour la résoudre avec plus de netteté, je demande tout d’abord d’où le Fils a-t-il été envoyé, et où est-il venu ? « Je suis sorti de mon Père, dit-il lui-même, et je suis venu dans le monde (Id., XVI, 7, 28 ) ». Ainsi le Fils est envoyé, parce qu’il sort de son Père, et vient dans le monde. Mais que signifie donc ce passage du même évangéliste : « Le Verbe était dans « le monde, et le monde a été fait par lui, et « le monde ne l’a pas connu » ; et, ajoute-t-il, « il est venu chez lui (Id., I, 10, 11 ) » ? Ainsi le Fils a été envoyé là où il est venu ; mais si en sortant de son Père il est venu dans le monde, où il était déjà, il a donc été envoyé là où il était. Et, en effet, nous lisons dans les prophètes, que le Seigneur dit : « Je remplis le ciel et la terre (Jer., XXIII, 24 ) ». Quelques interprètes attribuent même cette parole au Fils qui, selon eux, l’aurait ou inspirée au prophète, ou prononcée par sa bouche. Quoiqu’il en soit, le Fils n’a pu être envoyé que là où il était déjà. Car où n’est pas Celui qui a dit : « Je remplis le ciel et la terre » ? Voulez-vous rapporter cette parole au Père ? J’y consens ; mais où le Père peut-il être sans son Verbe ; et sans cette sagesse qui « atteint d’une extrémité à l’autre avec force, et dispose toutes choses avec douceur (Sag., VIII, 1 ) » ? Bien plus, où peut-il être sans son Esprit ? Aussi l’Esprit-Saint lui-même a-t-il été envoyé là où il était. C’est ce que nous fait comprendre le psalmiste, lorsque, voulant exprimer que Dieu est présent en tous lieux, et qu’il ne pouvait se dérober à ses regards, il nommait tout d’abord l’Esprit.Saint, et s’écriait : « Seigneur, où irai-je de devant votre Esprit ? Où fuir devant votre face ? Si je monte vers les cieux, vous y êtes ? Si je descends au fond des enfers, vous voilà (Ps., CXXXVIII) ». 8. Mais puisque le Fils et l’Esprit-Saint sont envoyés là où ils étaient déjà, il ne nous reste plus qu’à expliquer le mode de cette mission du Fils et du Saint-Esprit : car, pour le Père, nous ne lisons nulle part qu’il soit envoyé. Et d’abord je transcris, relativement au Fils, ce passage de l’Apôtre : « Lorsque les temps furent accomplis, Dieu envoya son Fils, formé d’une femme et assujetti à la loi, pour racheter ceux qui étaient sous sa loi (Gal., IV, 4 ) ». Cette expression, « formé d’une femme », signifie pour tout catholique, non que Marie perdit alors sa virginité, mais seulement, et selon une façon de parler qui est ordinaire aux Hébreux, qu’elle devint mère. Lors donc que l’Apôtre dit « que Dieu envoya son Fils formé d’une femme », il indique évidemment que Dieu l’envoya là où il devait se faire homme. Car, en tant qu’il est né de Dieu, le Fils était déjà dans le monde ; mais en tant qu’il est né de la Vierge Marie, il fut envoyé, et il vint dans le monde. Au reste, il a été envoyé conjointement par le Père et l’Esprit-Saint. Et, en effet, on ne saurait tout d’abord