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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/184

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deux voleurs, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. Et les passants le blasphémaient, branlant la tête, et disant : Toi, qui détruis le temple de Dieu et le rebâtis en trois jours[1], que ne te sauves-tu toi-même ? Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix. Les Princes des prêtres, l’insultant aussi avec les Scribes et les Anciens, disaient : Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même ; s’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui. Il s’est confié en Dieu : si Dieu l’aime, qu’il le délivre maintenant ; car il a dit : Je suis le Fils de Dieu. Les voleurs qui étaient en croix avec lui, lui adressaient les mêmes reproches[2].

45 Or, depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième[3], les ténèbres couvrirent toute la terre. Et vers la neuvième heure, Jésus jeta un grand cri, disant : Eli, Eli, lamma Sabacthani, c’est-à-dire, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ?[4] Entendant cela, quelques-uns de ceux qui étaient présents disaient : Il appelle Élie. Et aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il emplit de vinaigre, et, la mettant au bout

  1. Voy. xxvi, 61.
  2. Mais l’un des deux, dit le P. Patrizzi après la plupart des anciens, ne tarda pas à changer de sentiments (Luc, xxiii, 39 St.). Le Dr Beelen, rapprochant Luc, xxiii, 45 de Matth. xxvii, 45, rejette cette explication, et donne celle-ci : S. Matthieu, tout en sachant bien qu’un des deux larrons seulement avait insulté Jésus, se sert de la forme plurielle pour mieux rendre cette pensée générale, que le Sauveur reçut des opprobres et des injures de tous ceux qui étaient là. On trouve dans les écrivains profanes de semblables inexactitudes matérielles, qui ne sont que dans la forme.
  3. De midi à trois heures.
  4. Ps. xxi, 2. La nature humaine du Christ, dit très-bien Arnoldi, sentit tellement l’excès de la douleur, qu’il lui sembla, comme c’était vrai, ne pouvoir supporter plus longtemps par elle-même les souffrances auxquelles le Verbe l’avait livrée, et elle se plaint ingénûment d’y être en proie. »