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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/24

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Jésus-Christ selon saint Matthieu,… selon saint Marc[1], etc. »

Notre-Seigneur n’écrivit pas ses enseignements. Semblable au semeur de la parabole, il jetait, en passant, la parole divine dans les âmes. Ses Apôtres commencèrent de la même manière. Pour accomplir leur mission, ils ne devaient pas, leur avait dit le Sauveur, se mettre en peine de ce qu’ils diraient, et n’avaient nul besoin de soutenir leur mémoire par des écrits ; l’Esprit-Saint, qui leur était promis, devait « les faire souvenir de tout. » Mais, d’une part, le désir bien naturel des premiers chrétiens d’avoir sous les yeux un résumé des actions et des enseignements de Jésus-Christ ; de l’autre, les progrès de l’Église naissante et l’éloignement des apôtres qui, après avoir fondé une

  1. Dès l’origine, et presque du vivant des apôtres, on a regardé ce nombre de quatre Évangiles comme un fait providentiel et préétabli dont on cherchait la raison mystique. L’explication la plus ordinaire qui avait cours dès le temps de S. Irénée (Advers. hæres., III xi, 8), fut le parallèle avec les chérubins ailés d’Ézéchiel. Au chapitre premier de ce prophète, Dieu apparaît sur un char attelé de quatre chérubins ayant la figure, le premier d’un homme, le deuxième d’un lion, le troisième d’un bœuf et le quatrième d’un aigle. Ces quatre animaux figuraient, dit Allioli, les quatre qualités sous lesquelles Dieu s’est révélé et a agi pour le salut des hommes, aussi bien dans l’Ancienne Alliance que dans la Nouvelle, savoir, comme homme, comme roi, comme médiateur et comme Dieu. Partant de cette figure, les SS. Pères ont assigné à chacun des Évangélistes un symbole distinctif des quatre qualités dont il s’agit : à S. Matthieu, un homme ; à S. Marc, un lion, le roi des animaux ; à S. Luc, un bœuf, destiné au sacrifice ; à S. Jean, l’aigle, l’oiseau de Dieu. Cette attribution est fondée, suivant S. Jérôme, sur ce motif, que S. Matthieu commence son Évangile par la généalogie humaine de Jésus-Christ ; S. Marc, par l’énergique prédication de Jean-Baptiste, semblable au rugissement du lion dans le désert ; S. Luc, par le sacerdoce de Zacharie ; S. Jean, par l’éternelle divinité du Christ.