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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/337

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je je ? car je n’ai point où serrer ma récolte. Voici, dit-il, ce que je ferai. Je détruirai mes greniers, et j’en ferai de plus grands, et j’y amasserai tout le produit de mes terres et tous mes biens[1] ; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois, fais bonne chère. Mais Dieu lui dit : Insensé ! cette nuit même on te redemandera ton âme, et ce que tu as amassé, pour qui sera-t-il ? Il en est ainsi de celui qui thésaurise pour soi, et qui n’est point riche selon Dieu. Et il ajouta en s’adressant à ses disciples : C’est pourquoi je vous dis : Ne vous mettez point en peine pour votre vie, de ce que vous mangerez ; ni pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. Considérez les corbeaux : ils ne sèment ni ne moissonnent ; ils n’ont ni cellier ni grenier, et Dieu les nourrit. Combien n’êtes-vous pas de plus de prix qu’eux ? Qui de vous pourrait, avec tous ses soins, ajouter une coudée à sa taille ? Si donc les moindres choses dépassent votre pouvoir, pourquoi vous inquiétez-vous des autres ? Considérez les lis, comment ils croissent ; ils ne travaillent ni ne filent, et, je vous le dis, Salomon dans toute sa pompe n’était pas vêtu comme l’un d’eux. Or, si l’herbe qui est aujourd’hui dans les champs et demain sera jetée au four, Dieu la revêt ainsi, combien plus le fera-t-il pour vous, hommes de peu de foi ! Ne vous mettez donc pas en peine de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez, et ne flottez point en de vains soucis. Car ce sont les nations du monde qui s’inquiètent de toutes ces

  1. Argent, habits, meubles, etc.