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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/350

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pays lointain, et il y dissipa son bien dans une vie de débauche. Après qu’il eut tout consumé, survint dans ce pays une grande famine, et il commença à sentir le besoin. S’en allant donc, il se mit au service d’un habitant de ce pays, qui l’envoya à sa maison des champs pour garder les pourceaux. Et il eût bien voulu se rassasier des siliques[1] que mangeaient les pourceaux, et personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il dit : Combien de mercenaires dans la maison de mon père ont du pain en abondance, et moi je meurs ici de faim ! Je me lèverai, et j’irai à mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous ; je ne suis plus digne d’être appelé votre fils : faites-moi comme l’un de vos mercenaires. Et se levant, il vint vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit, et touché de compassion, il accourut, se jeta à son cou, et le baisa. Et son fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous ; je ne suis plus digne d’être appelé votre fils. Et le père dit à ses serviteurs : Apportez vite sa robe première et l’en revêtez, et mettez-lui un anneau au doigt et une chaussure aux pieds. Amenez le veau gras et tuez-le, et mangeons, et réjouissons-nous : car mon fils que voici était mort, et il revit ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. Or le fils aîné était dans les champs ; comme il revenait et approchait de la maison, il entendit le bruit des chants et de la danse ; et, appelant un de ses serviteurs, il lui demanda ce que c’était. Le serviteur lui dit : Votre frère est revenu, et votre père a tué le veau gras,

  1. Proprem. carouges ou caroubes, espèces de gousses, fruit du caroubier.