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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/402

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Quant à la tradition, nous avons dit plus haut qu’elle a toujours été unanime en faveur de saint Jean. Parmi les innombrables témoignages qu’elle nous a laissés, il n’y aurait que l’embarras du choix ; car dès le commencement du iie siècle, c’est-à-dire aussitôt après sa publication, le quatrième Évangile était connu, cité, commenté par les plus anciens Pères, tels que saint Justin, saint Clément de Rome, saint Ignace, martyr, Athénagore, Théophile d’Antioche, Tertullien, saint Irénée ; par les hérétiques et les païens eux-mêmes, tels que Basilides, Valentin, Héracléon, Montan, Celse, etc. Qu’il nous suffise ici d’invoquer l’autorité du Fragment de Muratori, document célèbre qui remonte certainement au milieu du iie siècle[1] : « Le quatrième Évangile est du disciple Jean. Ses condisciples et évêques le pressant de le rédiger, il leur dit : Jeûnez avec moi pendant trois jours, et nous nous communiquerons mutuellement ce qui aura été révélé à chacun de nous. Pendant la nuit, il fut révélé à André, l’un des Apôtres, que Jean devait tout écrire sous son nom, avec l’approbation de tous les autres[2]. » Le quatrième Évangile résume donc, dit le docteur Reithmayr, le témoignage collectif d’un groupe entier de disciples du Sauveur et d’Apôtres, ayant saint Jean à leur tête. Cela explique la conclusion du livre, qui est une espèce d’adhésion au témoignage de l’auteur : « Ce disciple est celui qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est vrai (Jean, xxi, 24). » Nous avons là, pour

  1. On appelle ainsi une espèce de catalogue des livres canoniques du Nouveau Testament, trouvé et publié au siècle dernier, par le savant Muratori. Quoique incomplet et écrit en mauvais latin, il a une grande autorité en cette matière, à cause de son incontestable ancienneté.
  2. Recognoscentibus cunctis.