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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/47

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tres, il joint à ce nom la qualification de publicain (Matth., ix, 9). On devine la raison de cette différence : quel autre que l’humble Matthieu lui-même aurait parlé ainsi de l’apôtre saint Matthieu ? Le même sentiment de modestie et d’humilité, qui révèle un auteur, se découvre encore en d’autres circonstances. Trois Évangiles, et celui qui nous occupe est du nombre, parlent d’un festin offert à Jésus par un publicain. Quel est ce publicain ? L’auteur du premier Évangile n’a garde de nous donner son nom, et nous en serions réduits à des conjectures, si saint Luc et saint Marc n’avaient nommé celui qui venait de quitter son bureau pour suivre Jésus. On sait que les Évangélistes, quand ils donnent la liste complète des Apôtres, les nomment d’ordinaire deux à deux, par exemple : Pierre et André, Jacques et Jean, etc. ; et, dans cet arrangement, saint Matthieu est toujours joint à saint Thomas. Eh bien, tandis que les autres Évangélistes disent : Matthieu et Thomas, le premier Évangile seul, renversant cet ordre, dit : Thomas et Matthieu (Matth., x, 3). Autre indice. Seul le premier Évangile fait mention du didrachme (Matth., xvii, 24-27) ; seul, lorsque les Juifs viennent demander à Jésus s’il est permis de payer le cens à César (Matth., xxii, 17), il se sert de l’expression juste : « Montrez-moi la monnaie du cens[1]. » Cette propriété d’expression en pareille matière, surtout quand elle se trouve à un moindre degré dans les autres Évangélistes, n’est-elle pas une confirmation de la tradition ecclésiastique qui a inscrit en tête du premier

  1. J. Greppo, Esquisse de l’histoire de la monnaie chez les Hébreux, p. 51.