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PARENTS
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Préférences.

Elles sont légitimes puisqu’elles montent des affinités profondes entre le créateur et sa créature (le père et la fille), le fils et la mère, ou simplement alliances entre la mère et une fille, un fils plutôt que l’autre. Cependant ne laissons rien traverser de cette élection devant les autres enfants. C’est assez qu’ils voient leur père, leur mère causer plus longtemps avec celui-ci, celle-là. Cela déjà creuse des gouffres de tristesse entre les frères et sœurs et n’en ajoutons pas en nous laissant glisser à ce penchant. Un lien passe au-dessus du sang, plus haut que la justice. Nous le laisserons vivre et s’épanouir, c’est le trésor des pères tendres et des mères ardentes ; ce sont les délices du fils élu et qui l’engrènent dans les victoires de la vie.

Mais que pour nous punir, parents passionnés, nous fassions au frère non préféré un traitement parfois plus doux qu’à l’élu, de façon à rétablir l’équilibre par la faveur et à ne jamais tirer l’œil du frère moins heureux par une différence matérielle. Favorisez enfin les moins aimés, les moins flatteurs.

Cela ne trompera personne. Mais l’esprit est libre de sa fantaisie même et l’enfant ombrageux n’aura rien à reprocher aux siens s’il fut souvent privilégié.

Que si, parents, vous causez davantage avec le fils le plus intéressant, ce soit de visu pour enseigner aux autres à vous intéresser. Tout doit servir à tous de votre passion haute, de votre dilection.


La bête noire des familles.

Chez les gens sans boussole, on abomine Cassandra, la mère, la sœur ou la tante qui, d’avance, rappelle à