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Page:Aurel - Le nouvel art d'aimer, 1941.djvu/163

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PARENTS
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pas fière de donner surtout si le don coûte un peu le premier soir et quelque autre parfois. Ne souffres-tu pas dans les jambes et dans les reins quand tu restes une heure sur tes talons Louis XV devant la glace pour draper une robe sur toi ? Et de quoi ne souffrons-nous pas ? Est-il un dur effort acharné, véhément qui ne blesse d’abord ton inertie ? »

Jeanne : « Oui, mais… »

La mère : « L’amour n’est pas naturel à la femme ; mais l’homme épris a tôt fait de l’y incliner,et deux jours après, tout s’arrange mieux que tu ne l’espères. Alors je te répète, de quoi me parles-tu ? Parlons d’amour et laisse-toi porter. Un seul mot : ne subis rien que ce que tu désires. Tout le reste est servage. »


Et que la mère de Jeanne
dise au jeune mari avant qu’il emmène la petite épousée :

« Je dois vous confier, mon ami, que c’est la première semaine de l’union qui régie la santé des femmes. Ballottée de courses, de formalités, de fatigues, usée d’angoisse passionnelle, des cent travaux de la coquetterie pour faire le trousseau, harassée par l’installation, Jeanne ne doit devenir femme que parvenue dans le coin de paix où ses émotions pourront se déplier et s’épanouir en vous. Voyagez, fleuretez ferme en route, puis reposez votre femme d’abord. Et nichez-vous pour ce que Sévigné appelait la consommation. »