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AMANTS
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2 — par le malheur des souverains ; 3 — par le livre d’Alma Soderhyelm (Correspondance et cahiers intimes de Fersen) travail le plus probe que j’aie lu à ce sujet.

Je dirai quelques traits de la rencontre et du lien, le lecteur jugera.

Avant même d’avoir à lui son régiment français, Fersen sert à la fois les armées suédoise et française. D’après son journal terne où il commence toujours par dire le temps qu’il fait, je le vois d’intelligence moyenne. Mais certes il fut mémorable par le cœur. Son attachement pour la Reine se prouve à chaque page.

C’est que, dès la rencontre, elle avait brillé pour lui de tout l’éclat de la grâce et de l’impopularité. Un portrait montre en elle une fillette exquise. Je laisse parler l’auteur d’après le document (Correspondance) ;

« La Reine qui ne danse pas bien chantait, dansait chez Mme d’Ossian. Elle avait accueilli très bien Fersen. Et quand on lui représenta qu’elle accueillait mieux les étrangers que les Français, elle répondit avec tristesse : « C’est que les Français ne me demandent rien. »

« La Reine était détestée, dit Fersen. On lui attribue tout ce qui va mal et rien du bien qu’elle fait. »

J’explique : toutes ses légèretés de mots passées lui étaient imputées à crimes.

À l’aube de leurs liens, voici une lettre de M. de Saint-Priest :

« En attendant, Fersen se rendait à cheval du côté de Trianon trois ou quatre fois la semaine. La Reine