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Page:Aurel - Le nouvel art d'aimer, 1941.djvu/88

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LE NOUVEL ART D’AIMER

en elle l’héroïne, c’est-à-dire entamer son abandon puisque nul n’aime les fortes. Il n’y a pas de force féminine qui ne soit montée d’une torture.

« Aide les forts », dit Nietzsche. Au compagnon, je dis : « Aide les fortes si tu veux entrevoir un jour toute la femme. Les femmes secondaires n’en sont que des fragments.

« Aide les fortes. Elles le sont si peu ! »

Elles qui t’aideront à faire la cité forte sont de pauvres petites comme les autres si tu ne vois pas leur effort. Si tu le vois, si tu l’aimes et les en gratifies, elles sont autant de jeunes Samothrace qui portent le vent de l’honneur, du salut dans leurs voiles et qui te sauveront de tout.


Séparation ?

Aux meilleurs temps de l’amour — et ils doivent être toujours meilleurs — ne crains pas trop la séparation et plus elle vous coûte. Si l’on s’est bien étreint, c’est-à-dire corps et âme, absents on s’atteint mieux par la lettre, plus au centre de l’être, sans l’obstacle des coussins de la chair. La possession évolue dans l’absence.


Partager le travail des bras.

Dans la plus belle famille que j’ai vue, trois garçons d’un haut rang spirituel travaillent ferme ainsi que leurs parents. Une heure avant les études, les jeunes gens frottent ou cirent le plancher. La mère va faire l’assaut pour les vivres avant le jour. La jeune bru soigne, allaite son bébé, assure le reste du ménage et la cuisine. Le soir, les trois garçons