Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/163

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Pendant ce temps-là, l’amiral se promenait du haut en bas du salon, les mains derrière le dos, suivant le cours de ses idées, et celui de quelque vaisseau ; il s’approcha du capitaine, et il interrompit son touchant entretien avec maman Musgrove. « Savez-vous, Frederich, lui dit-il, que si vous étiez arrivé à Lisbonne le printemps passé, seulement une semaine plus tard, la belle lady Mary Grieson et ses deux filles vous auraient demandé le passage sur votre bâtiment ?

— Vraiment ! je suis donc charmé de n’y avoir pas été une semaine plus tard.

— Comment ! reprit l’amiral, que dites-vous là ? Quelle opinion allez-vous donner à ces dames de la galanterie d’un marin ? »

Wentworth s’excusa comme il put, mais persista à déclarer qu’il n’admettrait jamais volontairement des femmes à bord d’un vaisseau sous ses ordres : « Ce n’est point, ajouta-t-il, par manque de galanterie ; au contraire, c’est qu’il me semble impossible, malgré tout ce que peut faire un capitaine de vaisseau, de procurer à des femmes toutes les commodités auxquelles elles sont accoutumées et auxquelles elles ont des droits ; je souffrirais des privations auxquelles elles se-