Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/207

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encore la pression de cette main toujours chérie ; oui, c’est cette main, c’est sa volonté qui l’a placée là : il a remarqué qu’elle était fatiguée, il a donc fait quelque attention à elle, lorsqu’elle le croyait uniquement occupé de Louisa, et il a voulu qu’elle se reposât doucement à côté de sa sœur. Elle fut tendrement touchée de cette disposition en sa faveur, et surtout très-inattendue. Cette circonstance lui expliquait bien des choses ; elle comprit ce qui se passait dans l’âme de Wentworth : il ne pouvait lui pardonner, mais il n’avait pas oublié combien il l’avait aimée ; il condamnait la faiblesse qu’elle avait eue de l’abandonner, il en conservait même un injuste ressentiment ; il ne l’aimait plus d’amour, puisqu’il semblait vouloir s’attacher à une autre femme, mais il ne pouvait la voir souffrir sans venir à son secours. Ce qu’elle avait cru remarquer quand il la dégagea des bras du petit Walter, il venait de lui confirmer ; c’était un reste de ses premiers sentimens, une impulsion de pure amitié ; c’était une nouvelle preuve de la bonté de son cœur, de cet aimable caractère qui l’avait si fortement attachée à lui, et qui lui causait une émotion si douce et si douloureuse à-la-fois,