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Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/245

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personne ne douta qu’elle eût cessé de vivre, et l’horreur de ce moment fut à son comble.

Wentworth, qui l’avait relevée, était à genoux, la soutenant dans ses bras, ses regards attachés sur elle dans une agonie silencieuse : aussi pâle que Louisa ; son regard égaré peignait l’angoisse de son âme.

« Elle est morte ! elle est morte ! » s’écriait Maria en serrant avec force son mari, immobile et muet de désespoir. Henriette, succombant sous cette cruelle conviction, voulut d’abord courir à sa sœur, mais ses sens l’abandonnèrent, et elle aurait roulé l’escalier, si M. Bentick et Alice ne l’avaient retenue.

« Ne peut-on avoir aucun secours ? » s’écria Wentworth : ce furent les premiers mots prononcés dans cette scène de désolation, avec une expression de désespoir comme si ses propres forces allaient l’abandonner. « Allez, allez auprès de lui, s’écria Alice ; pour l’amour du ciel, allez, M. Bentick ! je puis soutenir Henriette, laissez-moi, allez à votre ami ; peut-être tout espoir n’est pas perdu pour la pauvre Louisa ; frottez ses mains, ses tempes ; voici un flacon de sel ; allez, allez. » Elle s’assit sur les marches, et appuya Henriette contre elle.