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Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/259

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Il la plaça, ainsi que sa compagne de voyage, dans le coupé, et se mit entre elles deux : Alice était partagée entre la surprise et l’émotion, de se sentir si près et peut-être si loin de lui. Comment ce voyage se passerait-il ? quelle serait leur manière d’être ensemble ? que se diraient-ils ? elle ne pouvait le prévoir. Le tout alla très-naturellement ; il se dévoua entièrement à Henriette, se tournant toujours de son côté, mais sans affectation, et seulement avec l’idée de relever son courage et ses espérances, de lui donner des forces pour soutenir celles de ses parens : on sentait qu’il s’étudiait à être calme dans sa voix, dans ses manières ; épargner toute agitation à Henriette, semblait être sa tâche et son projet. Une seule fois, quand elle se désolait de cette dernière promenade sur le parapet, regrettant amèrement de ne s’y être pas opposé, et rappelant que Louisa l’avait absolument voulu, il éclata aussi en regrets, et s’écria vivement :

« Ne parlez pas de cela, n’en parlez pas ; ne reprochez rien à votre sœur, c’est moi, moi seul qui en suis la cause ! J’ai souvent loué chez elle cette fermeté de caractère, cette résolution dont elle est à présent la vic-