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Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/91

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vait se passer de son entretien, à-la-fois animé et flatteur ; et souvent, pour l’écouter, il avait fermé le livre du baronnetage : enfin, Alice trouva le danger si pressant, qu’elle se crut obligée d’en parler à sa sœur. Elle avait peu d’espoir de succès. Elisabeth ne faisait jamais nulle attention à ce que disait Alice ; mais, comme dans le cas d’un tel événement, c’est elle qui en aurait le plus souffert, Alice ne voulait pas qu’elle pût lui reprocher de ne lui avoir point ouvert les yeux.

Elle parla donc ; et comme elle l’avait prévu, la hautaine Elisabeth en parut offensée, elle ne pouvait concevoir comment un aussi absurde soupçon pouvait entrer dans la pensée ; elle en était indignée, et répondait parfaitement de son père et de son amie, qu’elle connaissait mieux que personne.

« Mistriss Clay, dit-elle vivement, est trop honorée de ce titre pour porter ses pensées plus loin ; elle n’oubliera jamais qui elle est et qui nous sommes ; je connais mieux que vous ses sentimens ; je suis assurée qu’elle ne songe pas à se remarier, et surtout à contracter une union inégale en conditions. Quant à mon père, comme il n’a pas voulu me donner une belle-mère, et que, pour faire les honneurs