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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/21

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soient punis pour la première fois du fouet, et pour la seconde de la vie. »

On étendit la censure et les prohibitions aux cartes et peintures, c’est-à-dire aux caricatures, plus redoutables peut-être qu’aujourd’hui, puisqu’elles mettaient des images séditieuses à la portée d’un peuple qui ne savait pas lire. On appliqua de même la censure aux Almanachs, aux livres de pronostications, de prophéties et d’astrologie judiciaire, qui perdaient alors leur innocence avec leur vieille naïveté[1].

Bientôt il ne fut même plus permis de posséder des livres défendus. En effet, l’ordonnance de Moulins de février 1566, après avoir déclaré les auteurs de tels libelles, les imprimeurs et vendeurs « infracteurs et perturbateurs du repos public, veut iceux estre punis des peines portées es édits : et enjoint à tous ceux qui ont tels livres de les brûler dedans trois mois sous les mêmes peines ».

On sait combien de pamphlets outrageants et graveleux furent publiés contre Henri III. sa cour et ses mignons. Le bonhomme L’Estoile nous édifierait, au besoin, sur la licence et les obscénités de la presse, qui reproduisant trop fidèlement l’image des mœurs de ce temps dissolu.

« Diverses poésies et écrits satiriques, dit notre chroniqueur parisien, furent publiés contre le roy et ses mignons, en ces trois années 1577, 1578, 1579 ; lesquels, pour estre la plupart d’eux impies et vilains, tout oultre, tant que le papier en rougist, n’estaient dignes avec leurs autheurs que du feu, en un autre siècle que cesluici, qui semble estre le dernier et l’esgoût de tous les précédents…… Dialogue surnommé la Frigarelle, aussi vilain que les autres, traietant des amours d’une grande dame avec une fille, divulgué en mesme temps à la cour où il estait commun, et n’en faisoit-on que rire non plus que des susdits pasquils, et sans recherche, à la grand honte et confusion de nos princes et magistrats de France, comme s’ils eussent adoré tacitement lesdits pasquils descrivans une Cour de Sodome et les affections vilaines et contre nature de

  1. Leber. De l’état réel de la presse depuis François Ier jusqu’à Louis XIV, p. 16. Paris, Techener, 1834, in-3°.