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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/242

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HISTOIRE DE LA PRESSE FRANÇAISE

triomphante plaidoirie de Dupin aîné. — La loi de justice et d’amour, traitée de loi Vandale par Chateaubriand. — Entraves apportées à l’industrie des imprimeurs et des libraires ; les droits de timbre. — Protestations de Casimir Périer et de L’Académie française ; retrait de la loi Peyronnet (18 avril 1827) : le chef-d’œuvre Oratoire de Royer-Collard. — Rétablissement de la Censure ; dissolution de la Chambre des Pairs (5 novembre 1827). — La Chambre des 221 ; le ministère Martignac ; suppression de la Censure (avril 1828). — Le ministère Polignac (août 1829) incarne le parti de la contre-révolution. — Article devenu historique du Journal des Débats ; acquittement de Bertin l’aîné. — La grande presse et la petite presse en guerre contre le ministère. — Le Globe (Pierre Leroux, Dubois, Jouffroy), d’abord littéraire, puis politique, devient le porte-drapeau du libéralisme. — Le National, avec Thiers, Mignet, Armand Carrel. — Ordonnances du 26 juillet 1830 abolissant la liberté de la presse, dissolvant la Chambre des Députés et transformant la loi électorale. — Protestation de la presse, dans le National, provoquant la nation à résister au pouvoir. — La Révolution de 1830 ; chute de Charles X.

Pendant plus de quinze années, au commencement de ce siècle, nous avons vu la presse, et avec elle la littérature tout entière, l’esprit français, en un mot, opprimés et humiliés sous la main de fer d’un despote.

L’Empereur vaincu et détrôné, le génie national devait naturellement se réveiller et reprendre ses aspirations vers la liberté, avec d’autant plus d’ardeur qu’il fut plus longtemps comprimé. Napoléon lui-même en avait eu le pressentiment, lorsqu’il disait un jour, en 1809, à M. de Fontanes : « Fontanes, savez-vous ce que j’admire le plus dans le monde ? C’est l’impuissance de la force pour organiser quelque chose. Il n’y a que deux puissances dans le monde, le sabre et l’esprit. À la longue, le sabre est toujours battu par l’esprit. »

La deuxième Restauration eut pour premier et pour principal effet de soustraire la France à cette ivresse militaire, qui lui avait fait oublier les grandes conquêtes civiles et politiques de la Révolution. On eut le spectacle d’une effervescence, d’une agitation merveilleuse des esprits, d’un mouvement intellectuel des plus intenses, comme à la veille de l’enfantement d’un monde nouveau.

Mais on ne tarda pas à s’apercevoir que la société française se divisait en deux camps nettement tranchés : celui qui était dévoué aux idées issues de la révolution, et l’autre, celui de la royauté de droit divin, de la Sainte-Alliance.

Les royalistes ultra, qui allaient composer la majorité de la Chambre introuvable, rentrés en France avec le secours des baïonnettes étrangères, ne prenaient pas la peine de dissimuler leur dessein de faire retirer par des ordonnances les concessions dune charte octroyée. Ils revenaient de leur exil, pleins d’illusions, n’ayant