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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/36

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dont le commerce ne s’est jamais peu deffendre et qui tient cela de la nature des torrents qu’il se grossit par la résistance. »

Le roi Louis XIII lui-même se piqua au jeu, il inspira souvent la Gazette de Renaudot et quelquefois lui fournit de la copie. Cette collaboration royale était doublement profitable à Renaudot, qui avait ainsi des nouvelles de première main et recevait en outre une pension de cinq cents écus.

Suivant le jésuite Griffet, dans son Histoire de Louis XIII, les preuves matérielles de la collaboration du roi à la Gazette se trouvaient « dans deux volumes des manuscrits de Béthune qui sont à la bibliothèque du roi et qui ne contiennent que les minutes de différents articles écrits de la propre main de Louis XIII, avec une quantité de ratures et de corrections qui sont toutes de la même main ». Le très consciencieux historiographe de la presse française, Hatin, a recherché ces précieux volumes à la Bibliothèque Nationale, mais en vain.

Un collaborateur du journal le Temps a été plus heureux que Hatin. Il a retrouvé dans le fonds français et sous le no 3840 un des volumes manuscrits, que l’on croyait perdus. Le catalogue lui donne le titre suivant : Mémoires en forme de journaux, écrits de la main du roi Louis XIII, concernant les opérations militaires en Lorraine, en Picardie et en Languedoc, de 1633 à 1642.

Philippe de Béthune, frère de Sully, premier possesseur de ce précieux manuscrit, le décrit ainsi, sur une feuille prise dans la reliure du volume : « Relations particulières fort curieuses écrites de la main du roi Louis XIII qu’il faisait de temps a autre et qui m’ont été données par M. Lucas, secrétaire de son cabinet, avec beaucoup d’autres papiers et lettres bien curieux aussi, après la mort dudit roi, qui étaient dans la cassette que Sa Majesté faisait toujours porter avec lui. »

La comparaison des minutes des articles avec les numéros de la Gazette, où ils ont été insérés, est tout à fait intéressante. Elle prouve que Renaudot n’imprimait pas toujours la copie de son royal correspondant telle qu’elle lui était envoyée. S’il n’apportait pas de corrections, au moins y pratiquait-il souvent « les coupures ; il utilisait, au mieux des besoins et des intérêts de sa feuille, les lettres que