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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/42

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mission d’avoir son petit journal. La publicité périodique fut étendue nécessairement aux branches spéciales de la science, jurisprudence, médecine, morale et philosophie.

Au XVIIIe siècle, on imagina d’imposer aux nouvelles feuilles un chiffre plus ou moins élevé de pensions à servir à des gens de lettres ou à tous autres. L’Année littéraire de Fréron en fut grevée pour cinq mille livres. Le Mercure, en 1762, en servait pour vingt-huit mille livres. En 1791, Panckouke, pour publier en même temps le Mercure, la Gazette et le Journal politique, devait payer diverses pensions s’élevant chaque année à plus de cent vingt mille livres.

Notons que ce fut en 1777 seulement que parut le premier journal quotidien sous le titre de Journal de Paris, ou Poste du Soir.

Avons-nous besoin d’ajouter qu’il ne pouvait être question pour des journaux, dont nous parlons, et pour tous ceux qui virent le jour avant la Révolution, de la liberté de la presse, telle que nous la comprenons ?

Ce n’est pas que cette liberté ne fut déjà ardemment sollicitée ! Caron de Beaumarchais, dans son Mariage de Figaro, que Napoléon Ier appelai ! le premier coup de canon de la Révolution française, la réclame ainsi en toutes lettres :

« …… On me dit qu’il s’est établi un système de liberté sur la vente des productions, qui s’étend même à celles de la presse : et que, pourvu que je ne parle en mes écrits, ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sans l’inspection de deux ou trois censeurs. Pour profiter de cette douce liberté, j’annonce un écrit périodique, et croyant n’aller sur les brisées d’aucun autre, je le nomme Journal inutile. Pou-ou ! je vois s’élever contre moi mille pauvres diables à la feuille ; on me supprime ; et me voilà derechef sans emploi[1]. »

  1. Le Mariage de Figaro (acte V, scène III).