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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/543

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LA PRESSE SOUS LE SECOND EMPIRE

facilite l’écoulement par tous les moyens possibles, y compris la circulation sans l’impôt du timbre. Mais, il y a plus encore, ajoutait-il ; l’État, non content de se faire journaliste, s’arroge le pouvoir de désigner aux directeurs de journaux les collaborateurs qu’il leur est permis de s’adjoindre. »

Granier de Cassagnac, qui essaya de répondre à Picard, déclara nettement que l’Empire devait ajourner la liberté de la presse jusqu’au jour où les partis auraient désarmé et les prétendants abdiqua.

L’amendement de la gauche ne fut voté que par les dix-sept députés qui l’avaient présenté. Thiers, Ollivier et Darimon s’abstinrent.

Quant à l’amendement des Quarante-cinq, il fut soutenu avec éclat par M. Buffet d’abord, par MM. Martel et de Talhouet ensuite. H. Buffet revendiqua pour les journaux le droit d’apprécier en toute liberté, dans les bornes de la convenance et de la modération, les discussions parlementaires. « Mais il ne suffit pas, disait-il, que nos débats paissent être discutés : il faut encore que les questions sur lesquelles ces débats doivent porter soient préalablement et librement discutées par la presse. Je considère la presse comme l’auxiliaire nécessaire de la tribune. J’avoue que les considérations présentées hier ne m’ont pas convaincu, que, dans la situation actuelle, après quinze ans de calme et de gouvernement régulier, nous ne puissions pas espérer pour la presse un régime meilleur que celui qui la soumet purement et simplement à L’arbitraire administratif, à l’autorité discrétionnaire du ministre de l’intérieur ayant sur elle droit de vie et de mort ; je ne puis pas, pour ma part, trouver que le régime soit bon. Je ne me dissimule, assurément, aucun abus, et, à un certain égard, les dangers de la presse ; mais, tout en désirant une législation qui réprime ces abus autant qu’il est possible, je ne crois pas qu’un puisse laisser la presse dans la situation où elle est : car, malgré ces abus, pour tout homme qui réfléchit, elle est véritablement la garantie des autres garanties. »

M. Martel s’attaqua à la presse littéraire : « Que sont, disait-il, ces petits journaux qui paraissent, sans subir le timbre, le cautionnement, les droits de poste, qui n’ont besoin, pour paraître, que d’une simple déclaration faite au ministère de l’intérieur ; quels sont-ils