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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/67

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LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

Trois hommes nous paraissent avoir incarné plus particulièrement les qualités et les défauts qui ont marqué les débuts du journalisme quotidien en France : Loustallot, Camille Desmoulins et Rivarol. Nous n’avons à nous occuper en ce moment que de leurs premiers pas. en 1789.

Demandons-leur cependant l’idée qu’ils se faisaient eux-mêmes de leur mission, à cette époque unique de notre histoire, où éclataient avec une ardente naïveté tous les enthousiasmes et toutes les illusions d’un peuple, qui croyait pouvoir réaliser, presque sans efforts, un bonheur sans mélange et sans limites. Camille Desmoulins nous répondra, avec sa verve, son entrain et sa pétulance, dans qu’il a tracé d’Elysée Loustallot. le principal rédacteur des Révolutions de Paris, le plus brillant et le plus convaincu des journalistes de la Révolution, mort en 1700, à l’âge de vingt-huit ans, avant l’heure des déceptions, consumé, comme on l’a dit, par le patriotisme qu’il avait allumé dans des millions de cœurs.

« Le journaliste, tel que Loustallot s’en formait et en remplissait l’idée, exerçait une véritable magistrature et les fonctions les plus importantes comme les plus difficiles. Telle était, selon lui, la nécessité de ces fonctions, qu’il ne cessait de répéter cette maxime d’un écrivain anglais : Si la liberté de la presse pouvait exister dans un pays où le despotisme le plus absolu réunit dans une seule main tous les pouvoirs, elle suffirait seule pour faire contrepoids.

« Aujourd’hui, il fallait à l’écrivain périodique, et la véracité de l’historien qui parle à la postérité, et l’intrépidité de l’avocat qui attaque des hommes puissante, et la sagesse du législateur qui règne sur ses contemporains. Il se représentait un véritable journaliste tel que l’un d’eux en a fait le portrait, connue le soldat de l’innocence et de la vérité, engagé à un examen scrupuleux avant que d’entreprendre, à un courage inébranlable après avoir entrepris. Il pensait que tous les citoyens devaient trouver en lui un ennemi implacable de l’injustice et de l’oppression… Si ce ministère est pénible, combien, d’un autre côté, il le trouvait honorable pour les journalistes (je parle de ceux qui sont dignes de ce nom !)… Ils étaient, à ses yeux, les rois d’armes de la nation, les Stentor de l’opinion, qui se faisaient entendre de tout le camp des Grecs… Ils occupaient la