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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/78

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HISTOIRE DE LA PRESSE FRANÇAISE
La Rochefoucauld et Du Port sur la répression des calomnies lancées contre les fonctionnaires publics. — Licence effrénée de la Presse ; ses conséquences. — Origines du parti républicain.


La presse, subissant l’impulsion des mouvements et « les soubresauts de la Révolution, grandit au fur et à mesure des événements : crescit eundo.

Mais en même temps elle se divise et se subdivise à l’infini, se diversifie en journaux de toutes couleurs et de toutes nuances, suivant l’exemple des représentants du peuple à la Constituante, à la Législative, à la Convention, qui se partagent en groupes et en factions, forment plusieurs partis, se disputent le pouvoir, se combattent avec acharnement, se déchirent avec fureur.

Sans classer tous les journaux éclos pendant la période révolutionnaire, suivant les doctrines qu’ils propageaient ou les partis qu’ils servaient, travail d’ailleurs aussi inutile que fastidieux[1], on peut les ranger dans les deux grands partis alors en présence : d’un coté, les journaux du mouvement en avant, de l’action révolutionnaire : de l’autre côté, les journaux de la monarchie, de la résistance, de la contre-révolution.

Cependant, de 1789 à 1792, il a existé un parti intermédiaire, représenté dans la presse par des organes, qui n’ont été ni sans éclat ni sans célébrité ; c’est le parti constitutionnel monarchique des Mounier, des Bergasse, des Clermont-Tonnerre, des Lally-Tollendal, des Yirieu, des Malouet, qui voulaient introduire en France le régime parlementaire des deux chambres imité de l’Angleterre. Le Mercure de France, la Gazette universelle, le Modérateur et le Journal de la société de 1789 furent ses principaux organes.

Le Mercure, cette vieille feuille privilégiée, ayant été gravement atteint dans sa prospérité par le développement inattendu de la presse au lendemain du 14 juillet, son propriétaire, Panckoucke, prit le parti de le transformer. Dans le numéro du 5 novembre 1789, il annonça à ses lecteurs qu’a partir du 1er janvier suivant, Marmontel, la Harpe et Chamfort seraient chargés de la rédaction du Mercure, de concert avec Mallet du Pan, qui exposa, dans le même numéro, le plan d’un grand journal politique tel qu’il le comprenait.

  1. Les lecteurs curieux de longs détails, les trouveront dans la Bibliographie de Hatin et dans son Histoire de la Presse. Ils consulteront surtout avec fruit la Bibliographie de l’Histoire de Paris par Maurice Tourneux, t. II. ch. viii.