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Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/12

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à la réunion finale il faudra encore bien des aventures, dont la plus piquante est l’engagement de Huon comme valet du vieux ménestrel, avec l’épisode, inutile mais gai, du jeu d’échecs. Enfin la troisième partie nous présente une catastrophe tout à fait inattendue causée par la déloyauté de Gérard : nous ne voyons plus aucun salut pour Huon et Esclarmonde, quand l’intervention d’Auberon les sauve et fait triompher, dans une scène à la fois grandiose et plaisante, la justice et nos sympathies. Assurément une telle composition fait honneur à celui qui l’a conçue.

La façon dont il l’a mise en œuvre ne lui en fait pas moins, si on tient compte des conditions spéciales dans lesquelles il travaillait. Il ne s’adressait pas à des lecteurs, qui peuvent réfléchir sur ce qui est soumis à leur attention ; il destinait son œuvre à être chantée dans les châteaux et sur les places publiques, devant des barons ou des bourgeois ne demandant à la chanson du « jongleur » ambulant qu’une heure de facile passe-temps. Il n’attachait pas de prix à la sobriété de la forme, à la beauté du style, ou à la valeur choisie des mots. Il enfilait les longues suites de ses « laisses » sur la même rime sans se faire le moindre scrupule d’employer, pour obtenir cette rime, les formules banales qui composaient depuis longtemps le matériel roulant de ce genre de composition, et dont la répétition ne choquait pas plus les auditeurs que celle des mo-