Aller au contenu

Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pu passer les trois premiers ponts ? Je vois à ton écu que tu es Français et que tu ne crois pas à nos dieux. Par Mahomet qui a tout créé, celui qui t’a mis ce haubert sur le dos et qui t’a lacé ce heaume sur la tête ne t’aimait guère ! Il t’a vu pour la dernière fois, ou, s’il te revoit, tu lui feras grande pitié. Depuis qu’est commencée la grande fête de la Saint-Jean, l’amiral a commandé qu’aucun homme armé ne franchît les ponts. Les trois portiers qui t’ont laissé venir jusqu’ici le paieront cher, et si tu passes encore cette porte, que deviendras-tu ? tu auras la tête coupée !

— Tais-toi, coquin, dit Huon, et Dieu te confonde ! Regarde cette enseigne.

Il prit l’anneau et l’éleva en l’air. Quand le portier le vit, il descendit aussitôt, ouvrit la porte, et, s’inclinant devant Huon, lui baisa humblement la jambe.

— Seigneur, dit-il, soyez le bienvenu ; allez où vous voudrez : l’amiral ne vous