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Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/235

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— Je te demandais ton pays.

— Je suis d’Afrique ; j’allais à Monbranc en compagnie de marchands de mer ; une grande tempête a brisé notre navire ; mes compagnons sont tous noyés, Mahomet m’a sauvé. Mais vous, seigneur, pourquoi avez-vous tant de peine ?

— Tu le sauras, frère. Je m’appelle Estrument, et il n’y a pas en païennie de meilleur ménestrel que moi ; voici ma harpe et ma vielle, dont je sais bien me servir ; je sais aussi sonner le timbre et baller devant les princes. J’avais un seigneur que j’aimais et qui me comblait de bienfaits : c’était Gaudise, l’amiral de Babylone ; j’allais le trouver quand j’ai appris sa mort affreuse. Il a été attaqué dans son palais même par un mauvais garçon de France qui s’appelle Huon. Ah ! Mahomet, puisses-tu le faire périr ! c’est lui qui m’a ruiné.