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Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/260

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chard, et, sans dire une parole, ils se jettent l’un sur l’autre. Ils brisent leurs lances, ils percent leurs écus et se heurtent avec une si grande violence qu’ils tombent tous les deux à terre. Géreaume tire son épée et assène sur la tête de Huon un tel coup qu’il fend le heaume et la coiffe et fait couler à terre le clair sang. Si Huon ne s’était pas détourné à temps, c’en était fait de lui.

— Par ma foi, dit-il, je n’ai jamais reçu un pareil coup. Je suis perdu. Esclarmonde, adieu pour toujours ! Mon fidèle Géreaume, je ne te reverrai plus !

Géreaume l’entend ; tout son sang s’arrête. Il a reconnu son seigneur. Il jette son épée, mais il ne peut dire un mot.

— Eh bien ! Sarrasin, dit Huon, vous renoncez au combat ?

— Ah ! sire Huon, dit enfin Géreaume, prenez mon épée et coupez-moi la tête : je l’ai mérité ; j’aurais dû vous reconnaître.

Huon l’entend et mène grande joie.