Aller au contenu

Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comment ! ce misérable a jeté son frère en prison, et il vient vous le raconter ! Par le Seigneur qui fut mis en croix, si j’avais un frère qui fût ainsi banni de France et qui fût venu me demander l’hospitalité, j’aurais été bien vil si je l’avais mis en prison pour venir ensuite vous le dénoncer ! Certes, je ne l’aurais pas fait pour tout votre empire ! Je lui aurais donné à manger, je l’aurais gardé trois ou quatre jours, et puis je l’aurais laissé aller sans en rien dire à personne. Mais celui-ci, qui se vante d’avoir ainsi traité son frère, montre par là qu’il ne mérite aucune confiance. Je suis celui qui dis qu’il mériterait d’être pendu, et avec lui Gibouard et cet abbé et son moine. Je jurerais sur les saints qu’ils ont tous porté un faux témoignage.

Quand Gérard l’entendit, il fut tout décontenancé ; il aurait bien voulu ne pas s’être mis dans ce mauvais pas, mais il ne pouvait plus reculer.

— Sire, dit-il à Naimes, vous avez