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Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/320

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dis-lui qu’il y boive en signe de paix : s’il refuse, il le paiera cher.

Charles ne savait que penser ; il se taisait en voyant toutes ces merveilles. Huon se leva, prit le hanap plein de vin jusqu’au bord, s’approcha de Charlemagne et le lui présenta.

L’empereur n’osa pas le refuser : il le prit ; mais dès qu’il le tint, le vin en disparut.

— Vassal, dit Charles, c’est de l’enchantement !

— Non, dit Auberon, c’est votre méchanceté ; car ce hanap est si digne que nul n’y peut boire s’il n’est prud’homme et pur de tout péché mortel. Empereur Charlemagne, j’en connais un bien criminel que vous avez commis il y a longtemps et dont jamais vous ne vous êtes confessé : si je ne craignais pas de vous déshonorer, je le dirais devant tout le monde.

L’empereur baissa la tête, tremblant qu’Auberon ne lui fît honte.