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Page:Béland-Mathieu - Mes quatres années de captivité en Belgique, La Canadienne, Janvier 1920.djvu/13

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Pour se rendre à Anvers, il était nécessaire de passer à un bureau de contrôle, au village que j’habitais, afin d’y recevoir un permis. Il était strictement défendu de voyager en tramway ou de voyager à bicyclette, sans un permis spécial, en dehors des limites du village, et ce bureau allemand faisait payer la modique somme de vingt à vingt-cinq cents pour chaque permis, façon de prélever encore une petite contribution.

D’ailleurs, j’ai déjà dit quelle surveillance étroite les Boches exerçait sur la population qu’ils tenaient sous leur talon de fer. Le moindre incident était prétexte à enquête et alors, quelle paperasserie ! À plus raison se montraient-ils très chatouilleux à l’endroit des chefs belges, magistrats, bourgmestres, etc., qui leur étaient naturellement antipathiques.


La lettre du Cardinal Mercier



LE clergé, on le conçoit, n’échappait pas à cette surveillance. Le dimanche, on pouvait voir dans notre église deux ou trois uniformes boches postés là pour guetter ce qui se passerait. Rien ne leur échappait : annonces, sermons, tout était soigneusement noté.

Un dimanche, grande commotion dans le village. On avait lu la fameuse lettre pastorale du Cardinal Mercier dans l’église de Cappellen. Le lendemain, le presbytère était entouré de casques à pointe. Un officier, suivi de quelques soldats, pénétra dans la maison et ordonna au curé de lui remettre sa copie du document épiscopal.

Le curé ayant demandé à l’envoyé militaire, en vertu de quelle autorité il faisait pareille demande, en obtint cette réponse qu’il obéissait aux ordres