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Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/131

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EN PRISON À BERLIN

qu’une autre fenêtre s’ouvrit, celle du sous-officier de service qui, avec force cris et jurons, commanda de faire silence. Le lendemain, lorsque certains de mes compagnons se présentèrent à ma cellule, je leur posai à chacun la question suivante : — « Est-ce vous qui avez chanté Rule Britannia, la nuit dernière ? » Tous, invariablement, répondaient : — « Non. » Kirkpatrick lui-même fit son apparition vers les 9 heures. Il avait tout-à-fait le même air que de coutume, et il nous fit ses souhaits de bonne année. Faisant allusion à l’incident de la nuit précédente, je lui demandai s’il n’avait pas chanté. Il répondit d’un petit signe de tête négatif, avec un sourire qui en disait fort long sur sa culpabilité. Nous étions justement à dire, entre nous, qu’il serait préférable de faire le silence autour de l’incident, lorsqu’un sous-officier se présente et demande à chacun de nous, à l’exception toutefois de Kirkpatrick, si nous n’étions pas l’auteur de ce qui était arrivé durant la nuit. Chacun en répondant la franche vérité, pouvait nier positivement. On interrogea tous les Anglais, l’un après l’autre, de cellule en cellule. C’était la même réponse partout. Le seul auquel on ne se hasarda pas à poser la question fut Kirkpatrick dont l’apparente gravité ne pouvait prêter aux soupçons. Nous en avons beaucoup ri !