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Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/43

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MILLE ET UN JOURS

à la ferme du château, nous avaient fait une peinture saisissante des tragiques événements qui s’étaient déroulés à cet endroit : le meurtre et l’incendie y avaient régné en maîtres pendant plus d’un jour. Enfin, toute la population de Capellen, et tous les réfugiés qui s’y trouvaient, étaient dans le plus grand état de nervosité.

Le soir tomba sur Capellen et les campagnes environnantes, avant que les Allemands y eussent fait leur apparition. Vers neuf heures et demie, alors que nous étions à causer en famille, une forte détonation se produisit. Qu’est-ce que cela pouvait être ? Chacun exprimait son opinion, et l’on était généralement d’avis qu’un zeppelin avait survolé le village et laissé tomber une bombe dans la cour. Ce n’était pas tout à fait cela. Nous avons appris, peu après, que l’explosion avait eu lieu au fort d’Erbrandt, situé à peine à un kilomètre du château que nous habitions. Le commandant de la garnison avait décidé de le faire sauter, en l’évacuant. La secousse fut si terrible qu’une lampe à pétrole, posée sur la table de la pièce nous causions, fut éteinte, que des fenêtres furent ouvertes et d’autres brisées. Le bombardement de la ville avait détruit les fils transmetteurs de l’énergie électrique ainsi que les tuyaux de l’usine à gaz, de sorte qu’en fait de luminaire, il ne nous restait que les lampes à pétrole et la bougie.

On conçoit facilement que cette formidable explosion contribua fortement à nous rendre encore plus nerveux. Toute la famille se réunit dans une grande