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Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf/22

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        Turpin d’abord trouve lui-même
        Cœur de vingt ans non profané ;
        Mais un bon moine de Télème
        Le croque à l’instant sous son nez.
        Quoi ! sans respect du diadème ?
        « Oui, dit le moine, c’est ma loi.
« L’église avant tout, et vive le roi ! »

        Un juge, espérant la simarre,
        Loin de Paris cherche si bien,
        Qu’il découvre aussi l’oiseau rare
        Qu’attendait le roi très-chrétien.
        Un seigneur dit : Je m’en empare ;
        « Le droit de jambage est à moi.
« Tout pour la noblesse, et vive le roi ! »

        « Je serai duc ! » s’écrie un page,
        Dénichant enfin à son tour
        Fille de vingt ans neuve et sage,
        Que soudain il mène à la cour.
        On illumine à son passage ;
        Et le peuple, qui sait pourquoi,
Chante un te deum, et vive le roi !

        Mais, en voyant le doux remède,
        Le roi dit : « C’est l’esprit malin.
        « Fi donc ! cette vierge est trop laide ;
        « Mieux vaut mourir comme un vilain. »
        Or, il meurt, son fils lui succède,
        Et Turpin répète au convoi :
« Vite, qu’on l’enterre, et vive le roi ! »