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Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/113

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Pauvres gens ! l’impôt nous dépouille
Nous n’avons, accablés de maux,
Pour nous, ton père et six marmots,
Rien que ta bêche et ma quenouille.

Lève-toi, Jacques, lève-toi ;
Voici venir l’huissier du roi.

On compte, avec cette masure,
Un quart d’arpent, cher affermé.
Par la misère il est fumé ;
Il est moissonné par l’usure.

Lève-toi, Jacques, lève-toi ;
Voici venir l’huissier du roi.

Beaucoup de peine et peu de lucre.
Quand d’un porc aurons-nous la chair ?
Tout ce qui nourrit est si cher !
Et le sel aussi, notre sucre !

Lève-toi, Jacques, lève-toi ;
Voici venir l’huissier du roi.

Du vin soutiendrait ton courage ;
Mais les droits l’ont bien renchéri !
Pour en boire un peu, mon chéri,
Vends mon anneau de mariage.

Lève-toi, Jacques, lève-toi ;
Voici venir l’huissier du roi.