Aller au contenu

Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ayant paru en 1790, nous avons une preuve que Wolf était en 1791 familier avec les théories de d’Aubignac, car il nous dit en sa note 90 des Prolégomènes : « Moïse du Soul, au tome II de Lucien, p. 117, a jugé de bonne encre les songes de cet Hédelin, Hedelini somnia acerbe exagitantur a Mose Solano. » Au tome II en effet, à la page 117, de l’édition d’Amsterdam (1743) où l’on a mis les remarques de Moïse du Soul au bas du texte de Lucien, une note, signée M. d. S., critique « les gens stupides et barbares qui, ne comprenant pas le mot de rhapsodie, imaginent que les poèmes d’Homère ne sont qu’un recueil de poèmes séparés, ouvrages d’un mendiant aveugle, dont quelques fous ou des ignorants firent ensuite un poème continu. » Moïse du Soul ne nomme pas d’Aubignac : il dit certaines gens, quidam imperiti et barbari homines. Wolf met tout aussitôt sur ce quidam le nom de d’Aubignac : il fallait donc qu’il connût les Conjectures quand il lisait cette note de M. d. S. en bas du texte de Lucien. Il a fait cette lecture en janvier-février 1791, au plus tard.

Le 4 mars 1791, en effet, il terminait sa préface aux traités de Lucien, qu’il éditait pour ses étudiants, ad lectionum usus. C’était un ouvrage qu’il avait en feuilles depuis cinq ou six ans : il l’avait presque oublié ; son éditeur le lui remit en mémoire. Il n’avait fait d’ailleurs qu’emprunter le texte d’Amsterdam, n’ayant ni le dessein ni le temps d’en constituer un nouveau ; en attendant les variantes de Vienne, que lui avait promises un érudit, dont il oublie de nous donner le nom, il avait renoncé à publier ses notes personnelles et celles d’autrui, comme aussi l’index graecitatis ; mais sa ferme intention était de les joindre... quelque jour, alio tempore, au texte de son auteur. Nous connaissons l’antienne ordinaire[1].

  1. Kleine Schriften, I, p. 305 : ut novum ipsi exemplum conderemus, nec instituti ratio ferebat, nec dati temporis spatium, neque ei rei adjumenta satis aderant.... ; itaque, mutato consilio, constitui ad hos libellos alio tempore attexere annotationes, partim aliorum excerptas, partim meas, et indicem graecitatis...